Vent de panique sur les valeurs bancaires

Par Laura Fort avec Julien Bonnet.  |   |  644  mots
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Le titre Société Générale a enregistré la plus forte chute de près de 15% mercredi. S'estimant victime de multiples rumeurs, la banque a saisi l'Autorité des marchés financiers. Les cours des autres valeurs bancaires européennes ont également affiché des chutes entre 6% et 14%.

Un vent de panique a soufflé sur les valeurs bancaires ce mercredi 10 août. En France, le titre Société Générale a été le plus touché baissant de 22,51% à 20,16 euros en milieu d'après-midi avant de cloturer à -14,74%. Dans son sillage, BNP Paribas chutait de 14% à 33,80 euros, Crédit Agricole SA de 18,24% à 5,63 euros et Natixis de 10,57% à 2,64 euros. Cet écroulement quasi-inédit depuis la crise de 2008 a plombé l'indice Cac 40 qui a reculé de 5,45%.

Société Générale suscite particulièrement la fébrilité des marchés après des annonces négatives en série. En premier lieu, ses résultats aux "stress tests" ont déçu : dans un scénario adverse, son ratio de fonds propres durs s'établit à 6,6%, non loin du minimum exigé de 5%. La banque a de plus annoncé le 3 août que l'objectif d'un résultat net part du groupe de 6 milliards d'euros d'ici 2012 ne pourra pas être tenu. "Nous pensons que la génération de revenus de la banque de financement et d'investissement sera plus faible que prévu. L'objectif nous paraît difficile à tenir compte tenu d'une moindre activité des investisseurs et des entreprises", a justifié Frédéric Oudéa, son PDG. Le titre abandonnait 8,97% ce jour-là.

Société Générale est dès lors devenue la cible de rumeurs de marché. "Socgen a publié les résultats semestriels les plus décevants et c'est peut-être la plus juste en terme de capital", confie un analyste. Le 8 août, l'hebdomadaire britannique Mail on Sunday lançait de l'huile sur le feu en annonçant que la banque aurait besoin d'un plan de sauvetage. Une annonce démentie catégoriquement par la Société Générale.

Société Génétale dément les rumeurs et saisit l'Autorité des marchés financiers

La banque a également démenti "catégoriquement et avec la plus extrême vigueur toutes les rumeurs de marché totalement infonodées", ayant affecté son cours de Bourse mercredi 10 août. Elle a annoncé avoir saisi l'Autorité des marchés financiers pour lui demander l'ouverture d'une enquête à ce sujet.

Les déclarations du ministre grec des Finances, qui envisage de modifier son programme d'échange d'obligations, ont ajouté mercredi à la confusion. Alors que seuls les titres arrivant à échéance en 2020 étaient concernés par ce plan, et donc provisionnés par les créanciers privés, le ministre a indiqué vouloir y inclure les obligations arrivant à échéance en 2024. Une éventualité sans conséquence pour Société Générale qui n'a aucune obligation grecque dépassant l'échéance de 2020. En revanche, BNP Paribas en détient pour 1,7 milliards d'euros. Pour sa part, la banque allemande, Commerzbank a annoncé mercredi que sa participation au plan d'aide à la Grèce concernerait l'ensemble de ses titres, et non seuls ceux arrivant à maturité en 2020.

Les principales  valeurs bancaires européennes sont touchées

"Quand on secoue tout cela très fort dans un marché paniqué, cela ne donne rien de bon", constate un analyste. Car il faut compter avec les anticipatons de ralentissement économique, le retour de Nicolas Sarkozy pour une réunion de crise sur la réduction du déficit public, les rumeurs de dégradation de la note de la France, ou encore l'augmentation des CDS ("Credit default swap", contrat de protection contre le défaut) sur les banques, qui étayent les craintes sur leur risque de crédit. Le tout dans un contexte de dégradation de la note des Etats-Unis et de crainte de contagion à l'Espagne et à l'Italie.

A la Bourse de Milan, les titres Intesa Sanpaolo et Unicredit, très volatils, ont été suspendus dans l'après-midi. Les autres banques européennes ont, elles aussi, fortement baissé. En Allemagne, Commerzbank clôturait à -7,73% et Deutsche Bank à -7,42%. A Madrid, Santander terminait à -8,33% et BBVA à -7,83%.