Longtemps uni dans la tempête, le couple euro-dollar divorce

Par Isabelle Croizard  |   |  454  mots
Infograpghie La Tribune
Avis de gros temps sur l'euro : il est tombé en dessous du seuil de 1,27 dollar.

Une avalanche de mauvaises nouvelles a mis fin à la trêve qu'avait connue l'euro au cours des premières séances suivant le nouvel an. Attaqué dès jeudi, il a amplifié sa chute à la veille du congé de fin de semaine, chutant à un nouveau plancher de seize mois face au dollar, pour enfoncer le seuil de 1,27. Vis-à-vis de la livre sterling, la monnaie unique a dérivé à un point bas de quinze mois, à 0,8240, tandis qu'elle crevait un record de faiblesse de onze ans face au yen à 97,90. Si l'on en croit l'analyse chartite, l'euro pourrait chuter rapidement jusqu'à 1,2530 dollar, son prochain seuil de support après avoir fait céder celui de 1,2860, avec en ligne de mire le niveau de 1,2080 à l'horizon de trois mois, qui correspond à sa moyenne mobile à deux cents jours.

Le vent a tourné sur tous les fronts pour l'euro, malmené par les décalages conjoncturels grandissants de part et d'autre de l'Atlantique, les blocages tenaces du marché interbancaire de la zone euro et les menaces des agences de notation, Standard & Poor's ayant même pris un malin plaisir vendredi en faisant sadiquement durer le suspense sur la pérennité des triple A des pays du noyau dur, à commencer par la France. En outre, une combinaison très défavorable à l'euro commence à prendre forme : l'euro souffre d'une faiblesse intrinsèque, au moment où le dollar reprend des couleurs pour des raisons elles aussi intrinsèques, qui ont permis à son indice pondéré face aux monnaies des grands partenaires commerciaux des États-Unis de monter à son plus haut niveau depuis un an vendredi.

Le dollar a renforcé son avance après l'annonce d'une nouvelle baisse du taux de chômage aux États-Unis en décembre, revenu de 8,7 % à 8,5 % des actifs et de la création de 200.000 nouveaux emplois. Un rapport qui fait suite à une série de statistiques favorables.

Dégradation de la confiance

Par contraste, la zone euro a annoncé le même jour que son chômage restait accroché à son record de 10,3 %, dans un contexte de poursuite de la dégradation de l'indice de confiance des chefs d'entreprises et des consommateurs, tombé au plus bas depuis deux ans.

Sur le front des banques, un record chasse l'autre : les banques de la zone euro, qui répugnent à se prêter entre elles, ont déposé 455 milliards d'euros entre jeudi et vendredi auprès de la Banque centrale européenne, un nouveau record, qui montre que la situation est loin d'être normalisée en pleine crise de la dette. Autant d'éléments qui laissent penser que la BCE va poursuivre le cycle de baisse des taux amorcé dès son arrivée à la présidence par Mario Draghi, début novembre.