La Fed a-t-elle les moyens de relancer la croissance américaine ?

Par Sophie Rolland  |   |  584  mots
Ben Bernanke, le patron de la Fed. Copyright Reuters
Après la BCE, la décision de la Cour de Karlsruhe et les premiers pas vers une supervision bancaire unique, les regards se tournent maintenant vers les États-Unis. La Réserve fédérale (Fed) se réunit aujourd'hui et demain pour fixer le cap de la politique monétaire américaine. Mais a-t-elle les moyens de relancer la croissance ?

Une fois n'est pas coutume, il est extrêmement difficile de savoir ce que la Réserve fédérale va annoncer jeudi soir, après une réunion de deux jours de son comité de politique monétaire (FOMC). La situation est critique : l'économie américaine n'a, semble-t-il plus la même capacité de rebond que lors des cycles précédents. Surtout, le taux de chômage reste extrêmement élevé, comme en témoigne le rapport sur l'emploi publié la semaine dernière.

Le dernier rapport sur l'emploi a renforcé les attentes d'un « QE3 »

Se fiant au discours prononcé par le patron de la Fed à Jackson Hole - la grande réunion annuelle des banquiers centraux -, certains opérateurs de marché misent déjà sur l'annonce d'un troisième programme d'assouplissement quantitatif de la politique monétaire (le fameux « QE3 »). A Jackson Hole, Ben Bernanke a en effet expliqué que l'état de l'économie justifierait que la Fed en fasse plus pour soutenir l'activité et favoriser une baisse plus rapide du taux de chômage. Il a aussi clairement laissé entendre qu'à ses yeux le plus efficace serait un nouveau programme d'achat d'obligations.

Les débats restent vifs au sein de la Fed

Reste maintenant à savoir si Ben Bernanke est capable de rallier la majorité du Comité de politique monétaire (FOMC). Cela n'a rien d'évident. Preuve de l'intensité des débats au sein de la Fed, à Jackson Hole Ben Bernanke a bien précisé qu'il ne s'exprimait qu'en son nom...

Problème structurel ou problème conjoncturel ?

« Deux logiques s'affrontent au sein du FOMC, explique l'économiste d'Aurel bgc, Christian Parisot. Certains membres estiment que la hausse du taux de chômage est structurelle. D'autre, comme M.Bernanke, considèrent qu'elle est conjoncturelle. Pour ces derniers, stimuler l'activité économique permettra d'augmenter les embauches et de faire baisser durablement le taux de chômage ». Ceux qui s'opposent à de nouveaux achats de dette par la Réserve fédérale font par ailleurs valoir que la Fed ne doit pas aller plus loin si elle ne veut pas complètement biaiser les prix sur le marché des bons du Trésor. « Avec l'opération twist, la Fed détiendra en fin d'année la moitié des encours de dette souveraine entre 10 et 20 ans et 40 % de l'encours des titres dont la maturité est comprise entre 7 et 10 ans ». Jusqu'ici cette politique n'a pas eu beaucoup d'effets positifs sur l'activité et sur l'emploi.

Inciter les banques à financer les prêts immobiliers des ménages

Une autre possibilité serait que la Fed trouve le moyen d'inciter les banques américaines à recommencer à prêter. « Le secteur immobilier reste la clef de la conjoncture américaine, estime l'économiste d'Aurel bgc. Or aujourd'hui il existe une demande de financement de la part des ménages mais les banques ne prêtent pas ». Dès lors, la Fed pourrait choisir d'acheter des titres adossés à des prêts immobiliers (RMBS).

Le « QE 3 » pourrait attendre

La Fed dispose également d'une option, a minima, mais qui donnerait également l'impression qu'elle continue d'assouplir sa politique monétaire : modifier sa communication. « Malgré le mauvais chiffre d'emploi américain, la Fed pourrait selon nous simplement annoncer une durée plus longue du maintien de ses taux directeurs au-delà de 2014, et annoncer son programme d'achats de titres (Treasuries/MBS) au mieux à partir d'octobre », estime dans une note de recherche, Nordine Naam, stratège taux chez Natixis.


CNBC Fed Survey Results: September 12, 2012