Faillite de SVB : la branche britannique vendue à HSBC pour 1 livre symbolique

Par latribune.fr  |   |  1080  mots
Les autorités américaines ont annoncé couvrir tous les retraits de la banque SVB, en faillite. (Crédits : DADO RUVIC)
La branche britannique de la banque californienne en faillite Silicon Valley Bank (SVB) a été vendue à HSBC pour 1 livre, d'après des communiqués simultanés du Trésor britannique et de HSBC publiés ce lundi. Une cession « facilitée » par le gouvernement britannique et la Banque d'Angleterre. Les autorités avaient indiqué ce week-end chercher « une solution » estimant que cette faillite posait un « risque sérieux » pour le secteur de la tech britannique. Aux États-Unis, une série de mesures a par ailleurs été prise pour rassurer particuliers et entreprises sur la solidité du système bancaire américain.

[Article mis à jour le 13 mars à 8h55]

Rappel des faits : la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB) a été fermée vendredi par les autorités américaines et l'Agence américaine de garantie des dépôts en a pris le contrôle. Peu connue du grand public, elle s'était spécialisée dans le financement des start-up et était devenue la 16e banque américaine par la taille des actifs. Sa disparition constitue non seulement la plus grande faillite bancaire depuis celle de Washington Mutual en 2008 mais aussi la deuxième plus grosse défaillance d'une banque de détail aux Etats-Unis.

Trois jours après, « Silicon Valley Bank (UK) a été vendue aujourd'hui à HSBC. (...) Les clients de SVB UK pourront accéder à leurs dépôts et leurs services bancaires normalement à partir d'aujourd'hui », a écrit le Trésor britannique dans un communiqué publié ce lundi 13 mars. HSBC a précisé de son côté que la vente a été actée pour 1 livre symbolique.

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Les autorités financières britanniques ont agi dans l'urgence tout le week-end après l'annonce de la faillite de SVB. Ce, afin de rassurer les marchés et tenter de limiter les dégâts pour le secteur de la technologie pour qui ce dépôt de bilan pose un « risque sérieux », a admis le ministre des Finances Jeremy Hunt étant donné que « beaucoup font affaire avec cette banque ». Il avait ajouté qu'il s'était entretenu ce week-end avec le Premier ministre Rishi Sunak et le gouverneur de la Banque d'Angleterre Andrew Bailey, et que « nous travaillons à un rythme soutenu à la recherche d'une solution ».

Au 10 mars, SVB UK détenait des prêts d'un montant d'environ 5,5 milliards de livres et des dépôts d'environ 6,7 milliards de livres, d'après HSBC, qui indique que « les actifs et dettes des maisons mères de SVB UK sont exclus de la transaction ».

Samedi, le Trésor britannique avait par ailleurs assuré que les problèmes de SVB étaient « spécifiques » et n'avaient « pas d'implications sur d'autres banques exerçant au Royaume-Uni ».

L'intégralité des dépôts garantie par la Fed

Outre-Atlantique, le système bancaire américain est également à l'épreuve de la faillite de SVB. Joe Biden, le président américain, va s'exprimer ce lundi matin sur « la manière dont (nous) maintiendrons un système bancaire résilient pour protéger (notre) reprise économique historique ».

« Je suis fermement déterminé à demander des comptes aux responsables de ce gâchis », a déjà déclaré Joe Biden dans un communiqué.

Les autorités ont déjà annoncé dimanche une série de mesures inédites pour rassurer particuliers et entreprises sur la solidité du système bancaire américain et vont notamment garantir le retrait de l'intégralité des dépôts de SVB.

Outre SVB, elles vont permettre l'accès à tous les dépôts d'un autre établissement, Signature Bank, qui a été fermé d'office par le régulateur. La solution protège les déposants mais « les investisseurs (actionnaires) de ces deux banques (SVB et Signature Bank) vont tout perdre » et leurs dirigeants seront remplacés, a souligné un responsable de la Réserve fédérale (Fed).

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La Fed s'engage à prêter les fonds nécessaires pour aider toutes les banques

La banque centrale américaine s'est également engagée à prêter les fonds nécessaires à d'autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients. Ces mesures ont été prises conjointement par la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, la Fed et l'Agence de garantie des dépôts (FDIC). « Aujourd'hui, nous prenons des mesures décisives pour protéger l'économie américaine en renforçant la confiance dans notre système bancaire », ont indiqué ces institutions dans leur communiqué.

L'ensemble du dispositif témoigne néanmoins des turbulences qui menacent le système bancaire américain, perturbé par le resserrement monétaire de la Fed à marche forcée. Cette politique a mis les marges des banques sous pression, incité des clients à placer leur argent dans des produits financiers mieux rémunérés que les comptes courants et a bousculé le secteur des nouvelles technologies, gourmand en cash.

La vague de retraits qui a suivi a provoqué la défaillance de trois banques cette semaine, SVB donc, Signature Bank, 21e banque américaine, avec des actifs estimés par la Fed à 110 milliards de dollars, et aussi Silvergate Bank, plus petite mais connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies.

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« La situation n'est pas celle de 2008 »

Après l'annonce de la prise de contrôle de SVB par la FDIC vendredi, beaucoup s'étaient inquiétés du sort des dépôts bloqués par la défaillance de l'établissement. Quelque 96% d'entre eux n'étaient, en effet, pas couverts par la garantie traditionnelle des dépôts, qui assure jusqu'à 250.000 dollars par client et par banque. « Le système bancaire est beaucoup plus résilient et doté d'une bien meilleure assise qu'avant la crise financière », a martelé un responsable du Trésor. « Pour être clair, la situation n'est pas celle de 2008. »

Le monde de la tech a craint un bain de sang

Avant ces décisions inédites des autorités américaines, le monde de la tech craignait un bain de sang. « Les vraies victimes de la chute de SVB sont les déposants : des start-up de 10 à 100 employés, qui ne peuvent plus verser de salaires, vont devoir mettre des gens au chômage technique ou licencier dès lundi », réagissait samedi , sur Twitter, Garry Tan, PDG de Y Combinator, incubateur de jeunes sociétés. « D'ici un mois ou deux, on aura anéanti une génération de start-up américaines », a prévenu le dirigeant. « Ce sont des années d'innovation américaine qui sont en jeu ».

La disparition de la banque californienne « pourrait détruire un important moteur de l'économie de long terme, car les sociétés soutenues par le capital-investissement dépendaient de SVB pour leurs prêts et leur trésorerie », abondait l'investisseur activiste Bill Ackman, sur Twitter.

(Avec AFP)