La « banque des profs » part à la conquête de tous les fonctionnaires

Par Christine Lejoux  |   |  722  mots
La Casden Banque Populaire se targue d’afficher le plus fort taux de pénétration sur le segment des enseignants, à 25%, devant le Crédit Mutuel Enseignant, le Crédit agricole ou encore la Banque Postale.
La Casden Banque Populaire, jusqu’alors spécialisée sur les enseignants, entend élargir sa clientèle à l’ensemble de la fonction publique. La banque espère doubler son taux de pénétration sur ce marché, actuellement de 8%, d’ici une dizaine d’années.

A moins de baigner dans l'univers de l'éducation nationale, il y a fort à parier que la Casden Banque Populaire (groupe BPCE) vous soit inconnue. Cette banque coopérative, dont 100% du capital est détenu par ses clients sociétaires, ne date pourtant pas d'hier. La Casden (Caisse d'aide sociale de l'éducation nationale) est née dans l'immédiat après-guerre, à l'initiative d'enseignants de ce qui s'appelait alors le département de Seine-et-Oise, et qui souhaitaient mettre en commun leur épargne, afin d'aider le fils d'un collègue à financer l'acquisition de son logement. Près de 65 ans plus tard, la Casden fonctionne toujours sur la base de ce principe, qui veut que les dépôts des uns financent les prêts des autres.

Un principe qui sous-tend l'une des principales valeurs défendues par la Casden, à savoir l'équité, en vertu de laquelle les taux des prêts consentis à ses clients ne sont pas fonction de leurs revenus, mais de leur capacité à mettre de côté suffisamment d'épargne pour permettre le financement des projets de leurs collègues. A la fin 2014 (dernières données disponibles), la banque affichait ainsi 8,9 milliards d'euros d'encours de crédits, dont 86,8% portant sur des prêts immobiliers. A noter que, dans la très grande majorité des cas, la Casden, contrairement à la plupart des autres banques, ne demande pas de garanties, de type hypothèque ou Crédit Logement, à ses clients. Il est vrai que, du fait de revenus réguliers, sa clientèle de fonctionnaires présente peu de risques.

Un investissement de plusieurs millions d'euros par an

L'offre de la Casden se limitant à la gestion de l'épargne et à l'octroi de crédits, la banque avait noué en 1974 un partenariat avec les Banques Populaires, afin d'être en mesure de proposer au travers de ces dernières une offre de banque au quotidien à ses clients, en particulier le compte à vue et les moyens de paiement. Ainsi qu'un réseau constitué aujourd'hui de 3.300 agences, contre 111 délégations départementales seulement pour la Casden. De leur côté, les Banques Populaires qui, il y a 40 ans, étaient axées sur les artisans et les commerçants, ont vu dans ce partenariat l'opportunité d'élargir leur clientèle aux particuliers. De fait, sur le million de sociétaires que compte aujourd'hui la Casden, pas moins de 977.000 sont également clients des Banques Populaires.

En 2016, la Casden Banque Populaire s'apprête à écrire une nouvelle page de son histoire, en se lançant à la conquête de l'ensemble de la fonction publique, qu'elle soit d'Etat, territoriale ou hospitalière, sans oublier les entreprises 100% publiques. Un mouvement déjà enclenché par « d'autres acteurs historiques de l'éducation nationale, comme la Maif (Mutuelle d'assurance des instituteurs de France) », souligne Sylvie Garcelon, directeur général de la Casden Banque Populaire. Selon la dirigeante, ce n'est qu'à « long terme » que cette diversification aura un impact positif sur le PNB (produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires) et le résultat net de la banque, respectivement ressortis à 242,2 millions d'euros et à 96,4 millions, en 2014. A court terme, cette tentative de conquête de tous les fonctionnaires nécessitera un investissement « de plusieurs millions d'euros par an », explique Sylvie Garcelon.

La Casden veut concurrencer la Banque Française Mutualiste

Nul doute que le jeu en vaille la chandelle : la fonction publique, conjoints et retraités compris, c'est 10 millions de personnes, contre 3 millions pour le seul personnel de l'éducation nationale. Or, si la Casden Banque Populaire se targue d'afficher le plus fort taux de pénétration sur le segment des enseignants, à 25%, devant le Crédit Mutuel Enseignant, le Crédit agricole ou encore la Banque Postale, elle ne détient en revanche que 8% du marché de la fonction publique dans son ensemble.

Une proportion que la banque espère « doubler au cours des dix prochaines années, avant de la porter à 25% ou 30% à très long terme, dans une quarantaine d'années », indique Frédéric Chenot, directeur du développement des Banques Populaires. Ce faisant, la Casden Banque Populaire va marcher sur les brisées de la Banque Française Mutualiste, qui compte 1,2 million de clients particuliers de la fonction publique, qu'elle sert au travers du réseau de la Société générale. Une concurrence que Sylvie Garcelon assume parfaitement.