Comprendre le scandale Aristophil, le "Madoff" des livres

Par latribune.fr  |   |  513  mots
Aristophil aurait réuni plus de 800 millions d'euros sur un fonds dédiés aux vieux livres de collection.
Gérard Lhéritier, fondateur d'Aristophil, a été mis en examen pour escroquerie. Il est soupçonné d'avoir monté une "pyramide de Ponzi", récoltant plus de 800 millions d'euros auprès d'investisseurs désireux d'investir dans les vieux livres de collection.

850 millions d'euros... Au moins 1,5 milliard d'euros s'il n'avait pas été arrêté avant! C'est la somme récoltée par Aristophil qui promettait un rendement de 8 à 9% à des investisseurs désireux de faire fructifier leur épargne dans des vieux livres.

Des pièces uniques

Il faut dire que la société fondée par Gérard Lhéritier ne manquait pas d'arguments puisqu'il disait disposer de véritables bijoux historiques comme le testament politique de Louis XVI, les écrits du général de Gaulle, ou encore les manuscrits du marquis de Sade. Acheter les plus belles lettres, des vieux grimoires, des pièces uniques à revendre à des collectionneurs ou des musées, telle était la martingale présentée par Aristophile pour convaincre les investisseurs d'un haut rendement garanti. Près de 18.000 souscripteurs ont été séduits par ce fonds qui revendiquait à l'automne 2014 près de 135.000 pièces.

Pyramide de Ponzi

Sauf que jeudi 19 mars, Gérard Lhéritier a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée et blanchiment, présentation de comptes infidèles, pratiques commerciales trompeuses, abus de biens sociaux et abus de confiance. Pour résumer, l'homme d'affaires est soupçonné d'avoir monté une pyramide de Ponzi, du nom de cet escroc du début du XXe siècle qui rémunérait ses clients non pas du fruit d'activités financières mais du versement de fonds de nouveaux clients.

L'exemple le plus célèbre et le plus spectaculaire de ce type de montage est celui de Bernard Madoff qui était parvenu à récolter près de 65 milliards de dollars à des investisseurs et particuliers. Dénoncé par son propre fils, l'ancien patron du Nasdaq a, depuis, été condamné à 150 ans de prison.

La fille de Lhéritier poursuivie

Gérard Lhéritier, lui, n'a pas été dénoncé par un membre de sa famille, ce qui conduira d'ailleurs la justice à poursuivre sa fille, responsable de la gestion des collections, pour escroquerie en bande organisée. La justice a également ordonné la saisie de 105 millions d'euros d'avoirs bancaires et de 13 millions d'euros en biens immobiliers. L'expert comptable de la société a également été mis en examen. Gérard Lhéritier doit verser une caution de 2 millions d'euros dans le cadre de son contrôle judiciaire.

La nécessité d'une association de victime

Une association des investisseurs floués s'est créée le 4 mars dernier. L'ADILEMA (scandalearistophil.fr) veut réunir un maximum de personnes afin de présenter un dossier solide lors de l'instruction. L'ADILEMA revendique par ailleurs son indépendance au contraire de ces nombreuses associations fondées par des conseillers en gestion de patrimoine qui, s'ils ne sont pas complices de l'escroquerie, ont néanmoins vendu le produit à leurs clients.

Enfin, les victimes de l'escroquerie doivent absolument être au fait des procédures, au risque d'être lésés une seconde fois. En effet, ils doivent faire une déclaration très précise de leurs créances, sans quoi, ils ne seront pas rétribués lors du partage de la liquidation judiciaire.