Crédit Mutuel : la Confédération menace à nouveau les dirigeants d'Arkéa

Par latribune.fr  |   |  739  mots
Les trois fédérations d'Arkéa (Bretagne, Massif central et Sud-Ouest) ont voté vendredi à une écrasante majorité pour l'autonomie de leur groupement face à la Confédération nationale. Celle-ci continue de prôner l'unité et prévient les dirigeants d'Arkéa que si rien ne change d'ici la fin du mois, la procédure de sanction "ira à son terme".

La tension monte encore d'un cran entre les trois fédérations du Crédit mutuel Arkéa (Bretagne, Massif central et Sud-Ouest) et la Confédération nationale. Les assemblées générales des trois "Arkéa" se sont exprimées vendredi à une très large majorité pour une autonomie de leur groupe vis-à-vis de la Confédération nationale du crédit mutuel (CNCM), son organe central. Sur 333 suffrages exprimés, 96,4% se sont prononcés pour qu'une loi dote Arkéa de son propre organe central, précise le groupe dans un communiqué. "La Confédération et les pouvoirs publics ne peuvent ignorer plus longtemps la détermination collective exprimée par les représentants du Crédit mutuel Arkéa", affirme son président Jean-Pierre Denis dans le document.

Une longue liste de différends judiciaires oppose Arkéa à son organe central, en conflit depuis près de deux ans autour de la volonté d'autonomie du premier. Une résolution, pour qu'Arkéa dispose de son propre organe central, mais aussi pour une redéfinition des missions et une rénovation de la gouvernance de la CNCM, a été soumise au vote lors d'Assemblées générales rassemblant les administrateurs des caisses locales dans les trois fédérations mercredi, jeudi et vendredi. Un total de 98,6% de votes favorables, sur 221 voix exprimées, a été obtenu en Bretagne, 80% (sur 30 voix) dans le Massif central et 96,3% (sur 82 voix) dans le Sud-Ouest.

"Cette réforme est la seule qui permette de préserver l'identité et l'originalité du Crédit Mutuel", affirme Arkéa, pour qui le cumul des mandats de dirigeant de l'organe central et de celui de directeur du CM11-CIC, l'autre branche de la banque mutualiste avec laquelle Arkéa estime être en concurrence, est au coeur du conflit l'opposant à la CNCM.

Le Trésor et le régulateur bancaire se sont récemment inquiétés dans un courrier adressé à M. Denis de l'éventualité d'une autonomie d'Arkéa, notamment en matière de coût de refinancement et d'usage de la marque. Une inquiétude relayée cette semaine par trois syndicats d'Arkéa (CFDT, SNB et CGT). "Ce projet est dangereux pour les salariés", a assuré vendredi à l'AFP Guillaume Gloria (CFDT), disant craindre une sanction de la CNCM à l'encontre d'Arkéa, qui pourrait prendre la forme d'une exclusion.

Un avis que ne partagent pas les salariés d'Arkéa réunis au sein du collectif "Vent debout pour l'emploi". "On se mobilise pour préserver les emplois sur les territoires et cela passe par le maintien des centres de décision sur les territoires", a expliqué à l'AFP Anne-Katell Quentric, porte-parole du collectif qui a rassemblé plus de 10.000 personnes fin janvier à Brest. Arkéa emploie 9.000 personnes dont près de 6.500 en Bretagne.

La Confédération nationale a réagi dès samedi dans un communiqué au vote des fédérations sécessionnistes. Elle "prend acte de la volonté de sortie du Crédit Mutuel Arkéa", mais continue de prôner l'unité qu'elle juge "toujours possible". Elle affirme que la scission "est contraire aux intérêts des sociétaires du Crédit Mutuel Arkéa qui bénéficient des forces et atouts d'un Crédit mutuel national uni, solide et solidaire". Elle juge aussi que cela nuit "à la confiance des clients" et refuse la proposition de création de plusieurs organes centraux au sein du Crédit mutuel, qu'elle déclare "en contradiction avec le droit bancaire et la position des autorités de tutelle". En jeu, aussi, la concurrence de deux organisations qui "ne pourraient exercer leur activité sous une même marque, sauf à tromper les consommateurs".

Pour la Confédération, il n'y a qu'un seul Crédit mutuel possible et elle prévient que la procédure de sanction "ira à son terme", si les dirigeants d'Arkéa ne vont pas dans ce sens d'ici fin octobre (ce qui semble bien peu probable). En parallèle, la Confédération, présidée par Nicolas Théry, va demander une étude d'impact indépendante sur les conséquences pratiques d'une sécession du Crédit mutuel Arkéa pour ses sociétaires, ses salariés et ses clients et fixe un rendez-vous à son conseil d'administration le 16 novembre, nouvelle date clé de ce dossier interminable entre des acteurs sans doute irréconciliables.

Avec AFP