France, Italie et Allemagne rejoignent la banque asiatique AIIB, un revers pour les Etats-Unis

Par latribune.fr avec AFP et Reuters  |   |  489  mots
Par son rôle de promotion de l'investissement, l'AIIB entre en concurrence avec la Banque mondiale, une des deux institutions de Bretton Woods (avec le FMI) basée à Washington, ou la Banque asiatique de développement, dominée par le Japon et les États-Unis.
Considérée comme une institution concurrente de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement, la nouvelle Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII), créée à l'initiative de la Chine, vient d'enregistrer l'adhésion de trois nouveaux grands pays européens, à la suite de la Grande-Bretagne.

Publié le 17/03/2015 à 18:02. Mis à jour le 20/03/2015 à 13:06.

C'est un revers diplomatique pour les États-Unis. La France, l'Allemagne et l'Italie vont emboîter le pas de la Grande-Bretagne et rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII, ou AIIB en anglais). Cette institution a été créée à Pékin l'an dernier avec pour objectif de promouvoir l'investissement dans les transports, l'énergie, les télécommunications et d'autres infrastructures dans les pays en développement d'Asie.

Les ministères des Finances français, italien et allemand ont ainsi déclaré, dans des communiqués séparés:

"La France, l'Italie et l'Allemagne annoncent ce jour leur intention de devenir des membres fondateurs potentiels de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB)."

"Nous sommes en train de voir les modalités précises en interne en France, et puis nous aurons l'occasion d'en discuter avec d'autres pays européens", a déclaré à Reuters le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, en marge d'une conférence de presse à Paris, ajoutant : "Cela fait pas mal de temps que nous travaillons sur cette perspective."

 Réserves persistantes de Washington

Cette décision des trois capitales européennes, initialement rapportée par le Financial Times, dérange les États-Unis, qui ont émis des doutes sur les pratiques de gouvernance et de transparence de la nouvelle institution.

Un haut responsable américain a assuré mardi que chaque pays était maître de sa décision, sans cacher toutefois les réserves persistantes de Washington à l'égard du projet.

Concurrente de la Banque mondiale

Par son rôle de promotion de l'investissement, l'AIIB entre en concurrence avec la Banque mondiale, une des deux institutions de Bretton Woods (avec le FMI) basée à Washington, ou la Banque asiatique de développement, dominée par le Japon et les États-Unis.

Elle est perçue comme un moyen pour la Chine, deuxième puissance économique mondiale mais qui dispose de droits de vote limités dans les institutions financières existantes, d'étendre son influence dans la région.

Le président du Parlement européen favorable à l'AIIB

En visite à Pékin, le président du Parlement européen, Martin Schulz, s'est réjoui à l'idée que quatre pays européens rejoignent l'AIIB, tout en soulignant que l'institution devait se conformer aux normes internationales de bonne gouvernance. Il déclarait ainsi à des journalistes:

"Je pense que c'est une bonne chose et, si d'autres États membres en font autant, ce sera encore mieux. Il y a un élément en plus. De nouvelles organisations de ce type doivent se conformer aux meilleures pratiques internationales. Cela est très important."

L'AIIB établie avant la fin de l'année

La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures sera officiellement établie d'ici la fin de l'année, a annoncé le ministre des Finances chinois Lou Jiwei, ajoutant que Pékin était en communication avec les Etats-Unis et le Japon concernant sa formation.