La vie privée des managers influe-t-elle sur leurs performances ?

Par Juliette Boulay  |   |  323  mots
"On peut automatiquement soustraire 10% à 20% [de la performance] d'un manager de hedge fund s'il décide de divorcer", estimait Paul Tudor Jones en 2013.
Des universitaires de Floride et de Singapour se sont penchés sur l'évolution des rendements d'un hedge fund suite au mariage ou au divorce de l'un de ses managers. D'après cette étude, dans les deux cas... ils se détériorent.

Quel est l'impact du mariage sur les performances d'un manager ? Et s'il divorce ? Telles sont les questions auxquelles trois chercheurs des universités de Floride et de Singapour ont tenté de répondre dans une étude publiée en février dernier et dévoilée par le Wall Street Journal. Plus précisément, les auteurs se sont focalisés sur les incidences du mariage ou du divorce d'un manager de hedge fund américain sur le rendement des actifs qu'il gère. Résultat des courses : que l'évènement soit heureux ou non, les performances baissent... et à long terme.

Sous-performance de 3,2 points dans les deux ans suivant un mariage

La plus forte baisse de rendement est enregistrée lors des trois mois qui précèdent et qui suivent un divorce. Elle représente une chute de 4,3 points de pourcentage par rapport aux résultats financiers réalisés avant l'évènement. Puis elle remonte, mais très lentement : les deux années suivant le divorce sont encore marquées par une sous-performance de 2,3 points de pourcentage.

Même tendance à la baisse lorsqu'il s'agit d'un mariage. Pendant les six mois avant et après la date du mariage, la dégradation des résultats financiers se chiffre à 3,1 points de pourcentage - un peu moins qu'en cas de divorce. En revanche cette sous-performance se prolonge nettement, stagnant à 3,2 points lors des deux années post-mariage.

Poursuite des recherches

L'étude des chercheurs Yan Lu, Sugata Ray et Melvyn Teo confirme ainsi la réflexion de l'investisseur américain Paul Tudor Jones, cité dans l'analyse : "On peut automatiquement soustraire 10% à 20% [de la performance] d'un manager de hedge fund s'il décide de divorcer". Le milliardaire avait seulement surestimé la baisse de rendement.

Reste à vérifier si la tendance est similaire chez les managers de sociétés d'investissement privées américaines, qui feront l'objet des prochaines recherches des auteurs de l'étude.