L'Europe de la finance enfin unie... contre Christine Lagarde

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  666  mots
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Les propos de la directrice du FMI sur la nécessaire recapitalisation des banques ont suscité de vives réactions. Établissements bancaires, gouvernements, et commission européenne font désormais bloc.

Les déclarations fusent pour tenter d'éteindre l'incendie déclenché par Christine Lagarde. La directrice du Fonds monétaire international estime que les banques européennes manquent de fonds propres et qu'il leur faudrait donc une recapitalisation "substantielle", ce qu'elle a affirmé samedi à Jackson Hole. Une proposition qui a amplifié les inquiétudes dans un secteur financier européen déjà malmené par la crise de la dette.

Pour tenter de calmer les marchés, la Commission européenne a réaffirmé ce jeudi que l'Union européenne n'avait pas besoin de recapitaliser ses banques au-delà de ce qui a été décidé en juillet à l'issue des résultats des "stress tests" menés par l'Autorité bancaire européenne (EBA). Une analyse qui "dans les faits partagée par les Etats membres", a déclaré un porte-parole de la Commission européenne. "Nous avons eu une discussion approfondie lors des résultats des tests de résistance des banques. C'est notre diagnostic et il n'y a pas lieu de le modifier." Bruxelles serait en outre en discussion avec le FMI à propos de son diagnostic sur les banques.

Les banques allemandes et françaises ripostent

Les banques allemandes et françaises ont assuré ce jeudi être suffisamment capitalisées en réaction à des informations selon lesquelles le Fonds monétaire international (FMI) juge que le secteur bancaire européen souffre d'un déficit de fonds propres. "Les banques françaises sont bien capitalisées", a également déclaré à l'agence Reuters une porte-parole de la FBF. "Elles ont augmenté leur capitalisation depuis la crise." a-t-elle précisé.

Plus tôt dans la matinée, les banques allemandes ont elles aussi considéré que les craintes du Fonds monétaire international (FMI) concernant un possible manque de fonds propres n'étaient pas justifiées. "Les banques sont bien capitalisées", a dit Michael Kemmer, directeur de la BdB, lors d'une interview au quotidien allemand Die Welt. La BdB représente quelque 210 banques privées dont Commerzbank et Deutsche Bank.

Selon une source européenne, le FMI estime que les banques européennes risquent d'être confrontées à un déficit de fonds propres de 200 milliards d'euros pour affronter la crise de la dette en zone euro et à un ralentissement de la croissance. Samedi dernier, lors des rencontres annuelles de la Réserve fédérale américaine, la directrice du FMI Christine Lagarde avait déjà plaidé pour une recapitalisation "substantielle" des établissements financiers européens.

Soutien du gouvernement

Et de leur côté, François Baroin et Valérie Pécresse, il n'y a pas d'inquiétude à avoir sur les banques françaises. Lors de l'Université d'été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines), la ministre du Budget Valérie Pécresse a aussi fait savoir que les banques françaises avaient suffisamment de fonds propres. "Je crois qu'il n'y a pas d'inquiétude à se faire pour les banques françaises", a indiqué la ministre, reprenant les propos du ministre de l'Economie, François Baroin, mercredi soir sur France 3.

Recul des valeurs bancaires

"Nous ne comprenons pas comment le FMI en arrive à ces conclusions", a de son côté réagi l'association des banques publiques allemandes VoeB. Les déclarations de Christine Lagarde du week-end dernier provoquent depuis le début de la semaine une levée de boucliers en Europe.

L'Autorité bancaire européenne (EBA) a notamment fait savoir que les banques de l'Union européenne n'avaient pas besoin d'être massivement recapitalisées. Mais, les inquiétudes autour de la crise de la dette publique au sein de la zone euro et de la dégradation du climat économique continuent néanmoins de peser sur les valeurs financières européennes.

L'indice bancaire européen recule jeudi de 0,55% vers 11h15. A Paris, Crédit agricole et BNP Paribas, très exposées aux dettes souveraines des pays périphériques de la zone euro, abandonnent respectivement 3,81% et 2,29%. La banque allemande Deutsche Bank cède 2,89%, l'italienne Unicredit -1,38%.