Record de dépôts des banques auprès de la BCE : faut-il s'affoler ?

Par Stanislas Jourdan, avec agences  |   |  302  mots
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Avec 411,81 milliards d'euros déposés auprès de la BCE, les banques n'ont jamais mis autant d'argent "à l'abri". Des montants incroyables qui témoignent de la défiance des banques entre elles. Mais ce n'est pas la seule raison.

Les banques ont déposé 411,81 milliards d'euros auprès de la BCE vendredi 23 décembre. Du jamais vu depuis l'apparition de l'euro, pulvérisant le record précédent qui remontait à juin 2010, avec 384,3 milliards d'euros, en pleine crise grecque. Un chiffre qui traduit, a priori, la défiance des établissements bancaires vis-à-vis de ses concurrents, voire vis-à-vis des marchés financiers.

Sauf que ce nouveau pic des dépôts sur 24 heures intervient alors que l'institution monétaire de Francfort a réalisé mercredi 21 décembre sa première opération de prêts sur trois ans, aboutissant à l'octroi de 489 milliards de prêts à 523 banques de la zone euro. Cette opération, exceptionnelle à plus d'un titre et qualifiée par la presse de "cadeau de Noël", avait suscité davantage de demande que ne l'avaient anticipé les analystes.

Cette opération explique probablement en grande partie l'augmentation soudaine des dépôts dits "overnight" constatée aujourd'hui. En effet, les banques n'ont pas probablement pas eu le temps, vendredi dernier, de placer sur le marché les liquidités que la BCE leur avait versé la veille, le 22 décembre. D'autant que nous sommes en période de vacances et que les marchés étaient fermés lundi...

Faute de pouvoir techniquement tirer des rendements de cet argent en le plaçant sur les marchés, les banques l'ont donc logiquement déposé à la BCE, qui les rémunère à un faible taux, de 0,25%.

Reste que ces chiffres révèlent l'ampleur de l'intervention de la BCE dans cette crise. La BCE prête actuellement plus de 720 milliards d'euros ainsi que plus de 80 milliards de dollars aux banques européennes, et a racheté sur les marchés secondaires pour plus de 270 milliards d'euros d'actifs sécurisés et de dette souveraine.