Rumeurs autour d'une possible nationalisation de Dexia

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  555  mots
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Les conditions financières de l'accord d'octobre par lequel la Caisse des dépôts allait reprendre une partie des activités de Dexia ne sont plus réunies, a déclaré vendredi à Reuters le président de la Commission de surveillance de la CDC. Le député Michel Bouvard a ainsi indiqué qu'une nationalisation de Dexia faisait partie des solutions qui pourraient être examinées.

"Les conditions dans lesquelles le dossier avait été examiné par le comité d'investissement de la Caisse des dépôts il y a quelques mois, les conditions dans lesquelles cette opération aurait pu être réalisée (...), ces conditions ne sont plus réunies", a expliqué Michel Bouvard qui a notamment évoqué à ce propos les "conditions d'environnement financier actuelles" et le "besoin de liquidités".

"Il y a des discussions", a-t-il ajouté. "Il faut regarder quelle est aujourd'hui la meilleure solution pour à la fois récupérer des actifs et pour limiter les pertes et continuer à assurer le financement des collectivités locales." "Tout peut être examiné, cette solution (une nationalisation, NDLR) faisant partie d'un ensemble", a poursuivi Michel Bouvard.

Selon le quotidien Les Echos, l'Etat envisage de nationaliser ce qui reste de Dexia en raison des difficultés rencontrées pour mettre en oeuvre le volet français du plan de démantèlement de la banque élaboré en octobre. Plusieurs responsables gouvernementaux français ont pour leur part indiqué en privé à Reuters que cette option n'était pas envisagée. Le ministre des Finances, François Baroin, n'a pas souhaité répondre aux journalistes qui l'interrogeaient sur le sujet en marge d'un colloque à Paris.

Dossier complexe

Pour bon nombre d'observateurs, cette différence de communication entre la Caisse des dépôts et le gouvernement s'explique par le bras de fer que se livrent les deux parties sur le dossier. Sollicitée à de nombreuses reprises sur des dossiers liés à la crise, la CDC veut préserver sa santé financière et le gouvernement essaie à tout prix de convaincre les agences de notation de conserver la note triple A accordée à la dette souveraine française.

Complexité supplémentaire dans le dossier, la CDC est dans une position jugée délicate puisque, candidat non déclaré à sa propre succession, son directeur général, Augustin de Romanet, attend son éventuelle reconduction par le président de la république en mars, date à laquelle son mandat arrive à échéance.

Principal actionnaire et artisan du premier plan de sauvetage de Dexia en 2008, la CDC et La Poste avaient proposé en octobre d'acquérir respectivement 65% et 5% du capital de Dexia Municipal Agency (Dexma), la société qui refinance les prêts accordés par Dexia Crédit Local (DCL) aux collectivités locales françaises. Dans le cadre de cet accord, l'activité de prêts au secteur public local n'aurait plus été effectuée par Dexia Crédit Local mais par une coentreprise détenue respectivement à 65% et 35% par La Banque postale et la CDC.

L'avenir des 1.350 employés de Dexia Crédit Local, dont la mission deviendrait progressivement caduque, suscite la crainte des syndicats. Lessivée par la crise des "subprimes" en 2008, la banque franco-belge n'a jamais réussi à solder l'héritage des années de la bulle de crédit et a été mise à genoux par la crise de la dette souveraine européenne. Ses dirigeants ont été contraints d'annoncer son démantèlement cet automne et sa vente par appartement. Outre l'émoi causé par son deuxième plan de sauvetage et l'octroi de nouvelles aides d'Etat, Dexia se trouve au centre d'une vive controverse après avoir accordé des prêts considérés comme toxiques à de nombreuses collectivités locales.