Traînée en justice par ses traders, Commerzbank se défend bec et ongles

Par Christine Lejoux  |   |  387  mots
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La banque allemande affirme devant la justice britannique qu'elle n'avait pas à verser des bonus qui avaient été promis verbalement, et non par écrit. Les traders lui réclament une cinquantaine de millions d'euros.

Les paroles s'envolent, les écrits restent. Ce proverbe n'aurait-il pas d'équivalent en anglais? C'est ce qu'a sous entendu l'avocat de Commerzbank, lundi, dans le cadre du procès qui oppose la banque allemande à une centaine de ses traders londoniens. Ces derniers réclament à Commerzbank quelque 50 millions d'euros de bonus qui leur avaient été promis en 2008, mais qu'ils attendent toujours.

Commerzbank ne verse que 10% des bonus promis

Petit rappel des faits : en 2008, Commerzbank n'a pas encore racheté Dresdner Kleinwort, dont le patron de l'époque, Stefan Jentzsch, promet alors à ses traders, à l'occasion d'une réunion interne, que la banque leur versera une cinquantaine de millions d'euros de bonus, au titre de 2008. Mais l'année suivante, Dresdner tombe dans l'escarcelle de Commerzbank qui, au vu de la perte affichée par sa proie en 2008, refuse de verser la totalité des bonus promis par Jentzsch, se contentant d'en distribuer 10%.

Une promesse verbale et donc non engageante

"Il est parfaitement honorable de ne pas tenir une promesse non engageante, lorsque le business s'effondre", a protesté lundi Thomas Linden, l'avocat de Commerzbank, devant la haute cour de justice britannique. Non engageante? Linden s'explique, un brin cynique : "Chaque banquier sait que, tant qu'une promesse n'est pas écrite, elle n'a pas valeur d'engagement." Un argument que récuse Andrew Hochhauser, l'avocat de certains des plaignants. Pour ce dernier, la promesse verbale de Stefan Jentzsch n'était "pas une simple déclaration", puisque la FSA (Financial Services Authority), le gendarme britannique des marchés, et l'assureur Allianz, qui était alors actionnaire de Dresdner, avaient donné leur accord à ce projet de bonus afin d'éviter des démissions en cascade de traders talentueux.

Commerzbank doit se recapitaliser à hauteur de 5,3 milliards d'euros

Une certitude : l'enjeu de ce procès n'est pas neutre pour Commezrbank, qui pourrait avoir à payer ces fameux 50 millions d'euros de bonus si les traders obtiennent gain de cause auprès des magistrats britanniques. Or la banque, jugée moribonde il y a quelques mois, avait créé la suprise en janvier, en annonçant avoir déjà réuni, sans l'aide de l'Etat, trois milliards d'euros, sur les 5,3 milliards que l'Autorité bancaire européenne lui impose de trouver d'ici au 30 juin, afin de renforcer sa structure financière, dans le cadre du plan de sauvetage de la Grèce décidé à Bruxelles le 27 octobre.