Les créanciers privés acceptent d'effacer 107 milliards de dette grecque

Par Séverine Sollier  |   |  541  mots
Charles Dallara, le négociateur des créanciers privés de la Grèce. Copyright Reuters
Les banques, sociétés d'assurance et fonds d'investissements qui détiennent des obligations d'État grecques ont accepté de signer un accord sur une décote de 53,5% de ces titres souverains. Elle va entraîner des pertes de plus de 70% pour les portefeuilles concernés.

Cette fois ça y est, l'accord est signé. Après des semaines de suspens, l'accord négocié entre la Grèce et ses créanciers privés prévoit une décote de 53,5% de la valeur initiale des obligations qu'elles détenaient. C'est beaucoup plus que les 21% qui avaient été actés en juillet 2011. Pour la Grèce, cela signifie concrètement que banques, assureurs et autres fonds d'investissements acceptent d'effacer 107 milliards de dette. Encore faut-il que le contenu de l'accord soit accepté par les membres du comité des créanciers privés, représentés lors des négociations par le président de l'Institut de la finance internationale (IFI), Charles dallara et Jean Lemierre de BNP Paribas. Pour être efficace, l'accord suppose qu'une très large partie des établissements concernés participent volontairement à ce plan. Le sort des obligations détenues par les créanciers qui ne participeraient pas reste encore incertain.

53,5% de décote entraînent des pertes de plus de 70% pour les établissements financiers

A l'occasion de la publication de leurs résultats annuels, plusieurs banques et compagnies d'assurance français ont déjà annoncé quel montant de pertes étaient passées dans leurs comptes en raison de la décote des olbigations grecques. BNP Paribas a ainsi anticipé une perte de 75% comme Société Générale. Axa, pour sa part, a déprécié son portefeuille d'obligations souveraines grecques de 78% soit au total 387 millions d'euros au titre de l'ensemble de l'année 2011. Globalement, les pertes réelles dans les comptes des créanciers privés seraient supérieures à 70%.

Un montage complexe

Pour chaque obligation, les créanciers recevront des nouveaux titres obligataires de l'Etat grec pour 31,5% de la valeur initiale. Il recevront aussi des titres à court terme émis par le Fonds européen de stabilité (FESF) pour 15%. Ce qui reste, c'est-à-dire 53,5% du prix de départ sera donc définitivement perdu, c'est le sens de la "décote".

La durée des nouvelles obligations souveraines grecques sera variable, de 11 à 30 ans, et les taux d'intérêt évolueront : les trois premières années, la rémunération annuelle sera de 2%, puis de 3% sur les 5 années suivantes et de 4,3% ensuite, jusqu'à 30 ans. Le taux proposé sera en moyenne de 3,65%, donc inférieur à la rémunération octroyée jusqu'alors. Des titres supplémentaires dont le rendement sera indexé sur la croissance de la Grèce seront également proposés aux créanciers privés. L'idée est doffrir une rémunération supplémentaire si si l'économie grecque se redresse plus rapidement que prévu.

L'échange d'obligations prévu le 12 mars

L'opération d'échange d'obligations entre l'État grec et ses établissement créanciers aura lieu le 12 mars, a indiqué aujourd'hui à Reuters une source au ministère grec des Finances, après l'accord européen intervenu à Bruxelles sur un désendettement partiel et un renflouement des finances de la Grèce. Evangélos Vénizélos, avait auparavant confirmé que le gouvernement formulerait officiellement "d'ici la fin de cette semaine" une proposition précise aux banques créancières du pays, sur la base des négociations dites PSI (private sector involvement) arrêtées dans la nuit d'hier à aujourd'hui à Bruxelles.