Zone euro : les crédits au privé ne décollent pas, la masse monétaire M3 monte

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  514  mots
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Les crédits au secteur privé en zone euro ont continué à décélérer en mars, enregistrant une progression de 0,6% sur un an, contre +0,8% en février, selon des chiffres annoncés lundi par un porte-parole de la Banque centrale européenne (BCE).

Le ralentissement de la croissance européenne va de pair avec le ralentissement des crédits au secteur privé. Selon des chiffres de la Banque centrale européenne (BCE), les crédits au secteur privé en zone euro ont continué à décélérer en mars, enregistrant une progression de 0,6% sur un an, contre +0,8% en février. Le chiffre de février a été revu légèrement en hausse: il avait été initialement annoncé à +0,7%.

Les prêts aux ménages ont ainsi nettement ralenti leur progression à +0,6% en mars contre +1,2% en février. Les prêts immobiliers, la plus importante composante des prêts aux ménages, ont progressé de 1,1% contre 1,8% en février tandis que le crédit à la consommation a continué de reculer avec -2% (-1,8% en février). Le crédits aux entreprises hors secteur financier, ont eux ralenti leur hausse à +0,3% en mars contre +0,6% en février.

La masse monétaire M3 progresse très fortement

Selon la dernière enquête trimestrielle de la BCE sur les conditions du crédit en zone euro, publiée la semaine dernière, les banques ont assoupli leurs exigences mais les ménages comme les entreprises se montrent plus réticents à emprunter compte tenu de l'incertitude qui plane sur la zone euro. Une situation qui devrait perdurer "une majeure partie de cette année", a estimé Loredana Federico, économiste chez UniCredit. La masse monétaire M3, mesure des pressions inflationnistes à moyen terme, a elle progressé de 3,2% sur un an en mars contre 2,8% en février, a annoncé la BCE. "Il s'agit de la plus forte progression depuis juillet 2009", a souligné UniCredit.

C'est en tout cas davantage qu'attendu par le consensus d'analystes réuni par l'agence Dow Jones Newswires qui tablaient sur une hausse de 2,8% pour cet indicateur. "Les injections de liquidités par la BCE à travers ses prêts à trois ans (en décembre et février, ndlr) sont derrière cette hausse de la masse monétaire", commente Annalisa Piazza, du courtier Newedge. Ces prêts, d'un montant total de près de 1.000 milliard d'euros, étaient destinés à éviter un effondrement du crédit dans la région, qui menaçait en fin d'année 2011.

La progression de cet indicateur M3 n'inquiète pas la BCE pour l'instant qui souligne régulièrement que les pressions inflationnistes en zone euro restent mesurées et surtout liés aux prix de l'énergie. En revanche, son président Mario Draghi a admis la semaine dernière qu'il avait espéré que les prêts massifs consentis aux banques profiteraient plus rapidement à l'économie réelle. Mais dans l'économie à l'heure actuelle "la demande est contenue donc la demande de crédit est contenue", a-t-il déclaré.

Un constat qui devrait conduire la BCE à éviter de nouvelles mesures en faveur des banques lors de la réunion de son conseil des gouverneurs jeudi à Barcelone, parce que cela reviendrait une nouvelle fois à améliorer l'offre et non la demande de crédit, ont jugé les économistes de Commerzbank, Michael Schubert et Jörg Krämer.