Achats en ligne : Mastercard mise sur la simplicité

Par Julien Bonnet  |   |  781  mots
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Le fournisseur de moyens de paiement lance son portefeuille électronique et espère ainsi profiter pleinement de la croissance des achats en ligne et du besoin des consommateurs d'une expérience d'achat innovante et intuitive. Face à cette demande, Mastercard propose une solution fédérant l'ensemble des portefeuilles existants à travers son "Paypass Wallet Services", une offre associant paiement en magasin, en ligne et mobile.

Dans la course vers les nouveaux moyens de paiement, Mastercard ne veut pas être distancé par la concurrence. Le groupe a annoncé cette semaine le lancement de "Paypass Wallet Services", son portefeuille électronique qui prévoit notamment d'étendre le service déjà existant de paiement sans contact en magasin aux achats en ligne. Cette solution sera disponible dans un premier temps aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et en Australie à partir du troisième trimestre de cette année et devrait petre disponible en France courant 2013. Mastercard répond donc à Visa, qui lancera à l'automne prochain son portefeuille électronique "V.me" et qui communique actuellement activement autour des prochains Jeux olympiques de Londres, la marque étant l'un des sponsors officiels; et à Google, dont le "Wallet" est aussi attendu cette année en Europe.

S'adapter aux nouvelles habitudes des consommateurs

Car face aux nouvelles habitudes des consommateurs de plus en plus convertis à l'achat en ligne -en France, le nombre de transactions a augmenté de 30% au premier trimestre- "les systèmes de paiement ne sont pas encore adaptés", déplore Jorn Lambert, responsable des paiements émergents chez Mastercard. "Pour un achat sur internet par exemple, il faut rentrer le code à 16 chiffres de sa carte, la date d'expiration puis le code de sécurité et, enfin, l'adresse de livraison, remarque t-il, il est donc normal qu'aujourd'hui les utilisateurs perdent patience et réclament une expérience beaucoup plus intuitive".

Un simple système d'identifiant associé à un mot de passe

Face à une complexité qui entraîne un nombre encore trop élevé d'abandons de paniers pour les e-commerçants, Mastercard propose donc un simple système d'identifiant associé à un mot de passe pour finaliser la transaction - sur le modèle du déjà très usité PayPal. L'adresse de livraison étant la plupart du temps celle du titulaire de la carte, elle sera transmise par défaut automatiquement au site une fois l'achat confirmé. Des grands groupes comme American Airlines et le libraire Barnes & Nobles ont déjà signé pour ce moyen de paiement et feront partie des premiers partenaires de Mastercard à afficher l'icône "Paypass Online" sur leurs sites de commerce en ligne.

"Sécurité intelligente"

À la question de savoir si cette simplification ne se fera pas au prix d'une moindre sécurité, Jorn Lambert se veut rassurant. "Nous pensons qu'il s'agit de mettre en place une sécurité intelligente: si un consommateur commande depuis son ordinateur personnel un bien qui sera livré à son domicile et pour un montant habituel, il n'y a pas de raison de l'ennuyer avec des processus lourds d'authentification". Le pari apparaît cependant risqué, tant la sécurité figure toujours en bonne position dans les enquêtes qui recensent les réticences des internautes à acheter en ligne. Mais sur ce point, l'utilisation d'un portefeuille électronique, qui limite le risque de fraude au montant qui s'y trouve et non à l'intégralité d'un compte comme lorsque l'on paye avec sa carte bancaire par exemple, joue en faveur de ce concept. Autre avantage, le support sera le même pour des achats en ligne, sur mobile et en magasin grâce aux téléphones équipés pour le paiement sans contact.

Fédérer les portefeuilles existants

Le fournisseur de cartes souhaite aussi se poser en " élément fédérateur des solutions de portefeuilles électroniques déjà existantes". Les "wallets" concurrents ou souhaitant bénéficier d'un réseau d'acceptation plus large pourront ainsi être ajoutés à celui de Mastercard par l'utilisateur, ce qui permettra à ce dernier de s'assurer le contrôle des flux de paiement. Les commercants pourront, quant à eux, offrir à leur clientèle la possibilité de régler par voie électronique tout en proposant leur propres portefeuilles électronique avec les services associés, promotions et gestion de la fidélité par exemple.

Jouer les premiers rôles dans un marché d'avenir

Pour parvenir à une "adoption en masse" de sa solution, Mastercard mise donc sur une solution "simple, rapide et moderne" reposant sur une application aux usages en ligne avec les attentes des utilisateurs. Un mélange entre ce qui fait le succès de certaines applications sur l'Apple Store ou le Google Play d'Android, et d'un Groupon, illustre Jorn Lambert. Une chose est certaine, l'enjeu est de taille. Rien qu'en France, la Fédération de la vente en ligne et du e-commerce estime que le marché atteindra 45,2 milliards d'euros en 2012. En outre, les nouveaux moyens de paiement représenteront près du quart du marché des transactions en ligne en 2015, soit près de 14 milliards d'euros en France et environ 70 milliards en Europe, selon une étude publiée en novembre dernier par le cabinet ADN'co.