Le Crédit Agricole pourraît participer au sauvetage du Crédit Immobilier de France

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  651  mots
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La division services immobiliers de la Banque verte (Square Habitat), pourrait s'intéresser à la division immobilier de l'établissement en difficultés.

Le sort du Crédit Immobilier de France, ce spécialiste des prêts immobiliers se joue en ce moment. Depuis que l'Autorité des marchés financiers (AMF) a suspendu la cotation de ses obligations, mercredi 9 mai, le temps est effectivement compté. Il faut dire que la situation de l'établissement français, proche du mouvement HLM, est préoccupante. Ses commissaires aux comptes ont considéré qu'ils ne pouvaient attester de la "continuité d'exploitation" de l'entreprise, mettant le doigt sur des problèmes de liquidité d'autant plus importants que,  ne gérant aucun dépôts,  il doit aller chercher ses capitaux sur les marchés.
Pour calmer les esprits, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a déclaré ce lundi que le Crédit immobilier de France disposait d'un niveau de solvabilité financière très satisfaisant tout en reconnaissant que l'ACP (l'Autorité de contrôle prudentiel) qu'il dirige également était à la recherche d'une "solution pérenne" pour l'établissement.

La Banque verte à l'affût

Selon nos informations, le Crédit Agricole, à la tête d'une importante branche de services immobiliers via Square Habitat, serait prêt à étudier sérieusement la question. Mais pas pour reprendre le CIF dans son intégralité. La division administration de biens de la Banque verte serait intéressée par la branche immobilière de l'établissement dirigé par Claude Sadoun (« Immo de France », spécialisée dans les transactions immobilières et l'administration de biens). Celui-ci est à la tête d'un réseau de 300 agences réparties dans toutes la France, force de frappe qui constitue un réel atout aux yeux du Crédit Agricole qui joue à fond la carte de la proximité. En revanche, le groupe de Jean-Paul Chifflet, ne serait pas intéressé par la partie crédit du CIF, celle justement qui pose le plus de problème. Sachant que le groupe est effectivement un gros acteur du marché national de la titrisation et qu'il a encore émis pour 23,5 milliards d'obligations à fin 2011.

« Le CIF est un des acteurs majeurs de la titrisation en France. C'est bien la raison pour laquelle les pouvoirs publics regardent de très près le dossier et qu'ils vont tout mettre en œuvre pour trouver rapidement une solution », analyse un proche du dossier. Pour l'heure, « les pompiers » habituels ont refusé leur service. Que ce soit la Caisse des dépôts, la Banque Postale voire la BPCE, à la tête du Crédit Foncier, ils ont tous présenté une fin de non recevoir. Il faut dire qu'ils ont déjà pas mal de pain sur la planche, la CDC étant bien occupée avec Groupama, la Banque Postale avec le financement des collectivités locales et BPCE avec sa branche immobilière à finir de solder.

Salariés amers

En attendant, nombre de salariés du Crédit Immobilier de France sont aujourd'hui bien amers. Il n'y a pas si longtemps, le groupe était évalué environ à 4 milliards d'euros. Aujourd'hui, cette valorisation a fondu comme neige au soleil. Et l'avenir social de la division crédit ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. D'où les interrogations et les critiques que l'on entend ça et là. Une problématique que le cousin du CIF, le Crédit Foncier a lui aussi connu dans les années 90, lorsque le gouvernement de l'époque avait songé à le rayer de la carte. Projet finalement abandonné après une bataille historique des salariés du groupe, ceux-ci ayant réussi à démontrer la viabilité et l'utilité de cette entreprise.
L'avenir du CIF va-t-il s'écrire à l'encre de capitaux étrangers ? Vu le faible appétit montré par les acteurs nationaux, pouvoirs publics et organes prudentiels vont peut-être devoir se tourner vers l'international. On voit mal toutefois le futur gouvernement socialiste accepter une solution chinoise ou moyen-orientale pour organiser le financement de l'accession à l'habitat de foyers modestes.