Les banques en choeur : "si, si, nous finançons les PME"

Par Christine Lejoux  |   |  688  mots
BNP Paribas met à disposition une enveloppe de crédits nouveaux de cinq milliards d'euros au moins, pour financer les projets de PME, entre le 1er juillet 2012 et le 30 juin 2013. Copyright Reuters
BNP Paribas multiplie les opérations de communication pour tenter de prouver qu'elle ne restreint pas l'accès des PME au crédit, alors que politiques et économistes alertent depuis la fin 2011 sur le risque d'un « credit crunch. »

Deux conférences de presse en deux jours, sur le thème du crédit aux PME ! C'est dire si BNP Paribas, qui inaugurait jeudi à Cannes sa 50ème maison des entrepreneurs - un lieu destiné à répondre aux besoins professionnels et patrimoniaux des dirigeants de PME -, souhaite battre en brèche l'idée selon laquelle les banques françaises ferment les vannes du crédit aux plus petites entreprises, crise et nouvelles réglementations bancaires obligent.

"Le financement des PME est, sinon menacé, du moins appelé à devenir plus difficile, en raison des perspectives de resserrement du crédit bancaire. Compte tenu des contraintes réglementaires qui vont peser sur les banques {comme Bâle III, la future norme relative au renforcement des fonds propres des banques ; NDLR}, le crédit bancaire sera moins volumineux, moins long et plus sélectif", pronostiquait encore, mardi, Antoine Gosset-Grainville, directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), lors d'un colloque organisé par l'Observatoire du financement des PME et des ETI.

Préserver le financement de l'économie réelle

"Bâle III impose aux banques de disposer de davantage de fonds propres face aux crédits qu'elles consentent. Ce qui pourrait bien sûr entraîner une diminution de ces crédits", reconnaît Marie-Claire Capobianco, responsable de la banque de détail de BNP Paribas en France. "Mais notre travail consiste justement à empêcher cela", ajoute la dirigeante, rappelant que les plans d'adaptation à Bâle III engagés par les banques françaises concernent essentiellement leurs activités de marchés et non celles de banque de détail. L'objectif étant de "préserver notre capacité de financement de l'économie réelle", insiste Marie-Claire Capobianco.

Des encours de crédit en hausse de 4,4%

Pour cette dernière, "Il n'y a (donc) pas de credit crunch. Les banques françaises jouent leur rôle de financement de l'économie." Histoire de montrer sa bonne volonté, BNP Paribas vient d'annoncer la mise à disposition d'une enveloppe de crédits nouveaux de cinq milliards d'euros au moins, pour financer les projets de PME, entre le 1er juillet 2012 et le 30 juin 2013.

Avec la même vigueur, Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale et président de la Fédération bancaire française (FBF,) assurait le 4 avril, dans un entretien au Figaro, que "les banques françaises font leur travail", en matière de crédit. De fait, fin mars, les encours de crédit aux entreprises françaises affichaient une progression de 4,4%, sur un an, contre une hausse de 0,3% seulement pour l'ensemble de la zone euro, selon les données de la Banque de France et de la Banque centrale européenne (BCE).

La demande de crédits ralentit

Pour les PME (hors entrepreneurs individuels et activités immobilières), la hausse des encours de crédit mobilisés, c'est-à-dire effectivement distribués, s'élevait même à 4,7% fin mars, d'après la Banque de France. Une croissance qui, cependant, ralentit depuis décembre 2011, lorsqu'elle se montait à 6,2%. Mais, pour Marie-Claire Capobianco, cette évolution résulte d'un tassement de la demande et non d'une restriction du crédit par les banques: "Les dirigeants de PME commencent à ralentir leurs projets d'investissement", en raison de perspectives macro-économiques incertaines.

Faciliter le financement des PME par les marchés

Des PME que les banques ont, effectivement, tout intérêt à chouchouter. Au nombre de 2,6 millions, les PME et TPE (très petites entreprises) ne représentent pas moins de 99,8% des entreprises françaises. Et nombre d'entre elles sont les grands groupes de demain, susceptibles de faire appel à une multitude de services auprès des établissements bancaires, comme l'accompagnement pour lever des fonds sur les marchés financiers, le conseil en fusions et acquisitions, etc. Pas question, donc, pour les banques, de se mettre à dos cette clientèle prometteuse. Surtout à l'heure où les milieux boursiers réfléchissent à la façon de faciliter la désintermédiation des PME françaises, c'est-à-dire leur financement par les marchés, à l'image de ce qui se fait aux Etats-Unis.