Les déclarations sur l'union bancaire européenne se mutliplient, il n' y a plus qu'à...

Par latribune.fr  |   |  841  mots
Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi est favorable à une union bancaire.Copyright Reuters
Alors que l'Espagne s'enfonce dans une crise bancaire, plusieurs autorités ont appelés cette semaine à la création d'une "union bancaire" de la zone euro qui pourrait prendre la forme d'une régulation centralisée du système bancaire et d'une garantie des dépôts.

Après la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI se sont prononcés en faveur des principes d'une future " union bancaire " dans la zone euro.

Dans un discours prononcé à Bruxelles à l'occasion du Brussels Economic Forum, Nemat Shafik, directrice générale adjointe de cette institution, a estimé qu'il fallait faire "des avancées décisives en direction d'une intégration financière plus complète". "Cela impliquerait de fournir le plus tôt possible aux banques un soutien passant par une mutualisation des ressources, qui ne provienne pas des Etats", a dit Mme Shafik.


"Pour s'assurer que les banques bénéficiant d'un soutien au niveau européen soient correctement restructurées et supervisées, elles devraient progressivement être soumises à une régulation et une supervision centralisées, à travers une autorité commune de règlement des crises bancaires , avec un filet de sécurité commun et un fonds commun de garantie des dépôts", a-t-elle dit.

La Commission européenne et la Banque centrale européennes soutiennent l'idée d'une union bancaire

Ces propositions rejoignent celles que la Commission européenne a présentées mercredi 29 mai dans ses recommandations pour la zone euro.
Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, s'est lui aussi prononcé le lendemain pour une " union bancaire " qui se traduirait, selon lui, par une supervision centralisée de certaines banques, en particulier celles qui présentent des risques systémiques pour la zone euro, et une garantie des actifs déposés auprès des banques de la région.


Mario Draghi était auditionné ce 30 mai par les députés européens en sa qualité de président du nouveau Comité européen du risque systémique (CERS), alors que les inquiétudes croissantes concernant l'Espagne, qui doit faire face aux besoins de recapitalisation de ses banques, accentuent les tensions sur les dettes souveraines de la zone euro et nourrissent les craintes d'un renflouement de Madrid.


Les déclarations de Mario Draghi ont trouvé un écho à Rome, où le gouverneur de la Banque centrale italienne a estimé qu'un engagement clair en faveur d'une forme d' union politique était le seul moyen de sortir de la crise. "Les investisseurs internationaux doutent de plus en plus fortement de la cohésion des gouvernements dans la conduite de la réforme de la gouvernance européenne et même de leur capacité à assurer la survie de la monnaie unique", a déclaré Ignazio Visco à l'assemblée annuelle de la Banque d'Italie.


Une supervision centralisée et un mécanisme de garantie des dépôts

Toute union bancaire en zone euro devra faire l'objet d'une supervision centralisée et comprendre un mécanisme d'assurance des dépôts ainsi qu'un fonds de résolution, a estimé de son côté Mario Draghi. "La crise financière a accentué l'aversion au risque de façon dramatique", a-t-il déclaré. "J'appelle tous les gouvernements à avoir cela en tête, parce qu'il est préférable de pécher par excès au tout début que de pécher par défaut. En matière de recapitalisation des banques, d'évaluation des besoins des banques, il vaut mieux pécher par excès."


Interrogé sur la possibilité de retraits massifs, Mario Draghi a déclaré : "Nous éviterons des 'bank runs' sur les banques solvables." et d'ajouter: "l'argent des déposants sera protégé si nous bâtissons ce fonds européen de garantie des dépôts. Cela assurera que les déposants sont protégés", a-t-il dit.

La question de l'union bancaire sera examiné en juin par les dirigeants européens

La Commission européenne avait  plaidé le jour d'avant pour la création d'une union bancaire dans la zone euro et pour la recapitalisation directe des banques en difficulté par le Mécanisme européen de stabilité (MES). Le président de la Commission, José Manuel Barroso, avait  fait savoir que la question d'une union bancaire serait discutée par les responsables de l'UE en juin.


Sur ce sujet, la chancelière allemande Angela Merkel a assuré qu'il n'y avait "aucun tabou" dans les discussions entre dirigeants européens. "Il y a des étapes de l'intégration qui nécessiteront des modifications du traité. On n'en est pas là mais il n'y a aucun tabou", a-t-elle déclaré Angela Merkel, qui a répété que les Etats devraient accepter de déléguer davantage de pouvoirs à la Commission européenne.

Les Etats membres avaient pourtant rejeté à l'unanimité l'idée d'un fonds commun de garantie il y a quelques mois mais José Manuel Barroso a assuré que la donne avait changé depuis.

Cet unanimité de façade en faveur de cette "union bancaire" ne doit pas conduire à sous-estimer la difficulté de créer un tel dispositif  qui suppose une intégration financière beaucoup plus forte qu'actuellement. L'union bancaire ne semble donc pas réaliste à court terme comme l'a d'ailleurs reconnu Angela Merkel : "on n'en est pas là".