Licenciements : à Wall Street on fait (encore et toujours) ses cartons

Par Christine Lejoux  |   |  621  mots
Depuis janvier, Wall Street a mis sur le carreau quelque 17.000 personnes. Copyright Reuters (Crédits : <small>Reuters</small>)
Les publications de résultats trimestriels des banques américaines ont été émaillées de nouvelles annonces de suppressions de postes. Depuis janvier, Wall Street a mis sur le carreau quelque 17.000 personnes, après en avoir licencié plus de 60.000 en 2011.

On prend les même et on recommence. Au cours de l'été 2011, les banques américaines avaient été nombreuses à annoncer des suppressions d'emplois massives. Rebelote cette année : la saison des résultats du deuxième trimestre est l'occasion, pour bien des firmes de Wall Street, d'avertir de nouvelles coupes claires dans leurs effectifs. Morgan Stanley, qui a déjà licencié quelque 3.000 personnes depuis le début de l'année, a finalement décidé de remercier encore 1.000 collaborateurs supplémentaires d'ici à la fin 2012. Chez Citigroup, ce sont 350 salariés qui découvriront bientôt qu'ils devront prendre la porte incessamment.

Dans la même veine, Goldman Sachs a prévenu de nouvelles réductions de coûts, pour 500 millions de dollars. Un plan qui comprend notamment le départ de salariés expérimentés, au profit de juniors bien meilleur marché. Bank of America a vu plus grand encore, avec un nouveau programme d'économies de 3 milliards de dollars. Au total, les banques américaines ont annoncé 17.323 suppressions de postes, au premier semestre 2012, après avoir déjà mis 63.624 personnes sur le carreau l'an dernier, affirme le cabinet Challenger, Gray & Christmas.

Des banques a priori en meilleure posture que leurs rivales européennes

On croyait pourtant les banques américaines bien mieux loties que leurs concurrentes européennes. Ces dernières sont non seulement aux prises avec la crise des dettes souveraines dans la zone euro, mais il leur faut également réduire la voilure dans certaines activités pour satisfaire à la future réglementation dite de Bâle III, laquelle leur impose de renforcer leurs fonds propres. Une réglementation qui s'applique également aux banques américaines, mais dont ces dernières retardent à l'envi la mise en ?uvre. Ce qui leur permet de gagner des parts de marché, en récupérant par exemple les activités de financement du transport maritime que certaines banques européennes sont contraintes de vendre.

Des investisseurs tétanisés

Reste que la crise de la dette dans la zone euro touche aussi les banques américaines. Certes, celles-ci ne sont pas directement exposées aux dettes publiques espagnole, grecque ou italienne. Mais cette crise de la dette bride l'appétit des investisseurs pour le risque, et ce, dans le monde entier. Ce qui plombe le trading (courtage) d'actions et d'obligations, ainsi que le pilotage d'introductions en Bourse et d'émissions obligataires.

Tétanisées, les entreprises le sont également, face à une conjoncture économique morose, qui ne les encourage guère à faire de la croissance externe. D'où la chute des commissions perçues par les banques dans le cadre de leur métier de conseil en fusion et acquisition. Sans oublier la règle Volcker, qui interdit désormais aux banques américaines la spéculation pour compte propre et réduit, de facto, le périmètre de leurs activités.

Chute des activités de marchés

Les grandes banques d'investissement, comme Goldman Sachs et Morgan Stanley, voient donc leurs activités de marchés - le c?ur de leur métier - se réduire comme peau de chagrin. Au premier semestre, le chiffre d'affaires de Goldman Sachs est ainsi tombé à son plus bas niveau depuis 2005. Morgan Stanley a vu son activité plonger de près de 25%, au cours du seul deuxième trimestre, et les revenus de Citigroup ont chuté de 10%, d'avril à juin. Le hic, c'et que les actionnaires de ces banques n'ont guère envie de faire une croix sur leurs dividendes, et les exhortent donc à redresser leurs résultats. Or, pour dégager des bénéfices, il n'y a pas 36 solutions : faute de croissance du chiffre d'affaires, la chasse aux coûts s'impose.