JPMorgan et Société générale, même combat ? Toujours est-il que la perte de trading sur des produits dérivés révélée en mai par la plus grande banque américaine pourrait bien résulter, non pas d'une grossière erreur, mais d'une fraude, à l'image de celle dont est accusée Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société générale, qui avait fait perdre 4,9 milliards d'euros à la banque française, en janvier 2008.
JPMorgan "a récemment découvert des informations qui jettent des doutes sur l'intégrité des opérations des traders", indique la banque, dans un communiqué publié ce vendredi, à l'occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre. "Certains individus ont peut-être cherché à éviter de montrer la totalité des pertes (de trading)", poursuit JPMorgan.
Un soupçon qui va conduire la banque à réviser à la baisse ses résultats du premier trimestre, lesquels seront communiqués "dans les prochaines semaines." Cette révision pourrait être d'autant plus significative que les pertes de trading ne se limitent pas à deux milliards de dollars, comme la banque l'avait annoncé il y a deux mois. Elles s'élèvent en fait à 4,4 milliards, a reconnu vendredi JPMorgan. 4,4 milliards sur le seul deuxième trimestre... Au total, elles flirtent avec les 6 milliards de dollars.
Et elles pourraient augmenter de 800 millions à 1,7 milliard de dollars dans les prochains mois, en cas, par exemple, d'aggravation de la crise de la zone euro, a prévenu Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase. Qui s'est dit "fier" que la banque ait malgré tout clos le deuxième trimestre sur un bénéfice, de 5 milliards de dollars, en recul de 9%.
Fraude ou pas, JPMorgan est décidée à se débarrasser du portefeuille de dérivés de crédits européens de sa division de courtage. "Depuis la fin du premier trimestre nous avons réduit de façon substantielle le risque lié à ces dérivés de crédits" et celui-ci sera transféré au pôle de banque d'investissement, "qui a les compétences" pour le liquider, a indiqué Jamie Dimon. Une autre forme de ménage a déjà commencé : la banque a indiqué vendredi avoir "écarté" toutes les personnes ayant trempé dans cette perte de trading. Y compris, selon des sources citées par l'AFP et Reuters, Bruno Iksil, le trader français à l'origine de l'affaire, plus connu sous le surnom de "la baleine de Londres."
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