Les ventes de logements anciens reculent mais les prix ne baissent pas

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  744  mots
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Selon la Chambre des notaires, les transactions dans l'ancien ont chuté de 17% à 40%. Ce mouvement n'est pas de bon augure pour le marché immobilier mais ne touche pas les prix dans les zones tendues.

Les professionnels de l?immobilier sont quasiment tous unanimes sur le sujet : les prix dans l?ancien ne baissent absolument pas dans les zones tendues. Ils auraient même tendance à reprendre leur ascension après une courte période de stagnation. Phénomène pourtant totalement atypique par rapport au reste de la France où l?on constate des reculs de prix dans la plupart des grandes agglomérations.
Pendant ce temps, la Chambre des notaires publie des statistiques qui viennent remettre les pendules à l?heure : Depuis le début de l?année, les transactions dans l?immobilier ancien ont chuté de 17% à 40% suivant les zones. Des chiffres plutôt inquiétants qui suscitent une série de réflexions.
D?abord, il faut bien voir que ce repli n?est pas soudain et qu?il est apparu dès le début de 2012. Avec déjà plusieurs explications : d?abord la restriction du crédit de la part des banques, elles-mêmes en difficultés pour obtenir des financements. Mais aussi la perspective des élections présidentielles habituellement propice au statu quo des candidats à la propriété. Depuis, plusieurs éléments sont venus s?ajouter à cette morosité si l?on en croit les commentaires de nombreux agents immobiliers. Compte tenu du contexte plutôt anxiogène du moment, la grande majorité des clients potentiels préfère attendre avant de sauter le pas, espérant une baisse des prix. En face, les vendeurs et plus particulièrement ceux qui ont acheté récemment à des prix déjà élevés et après travaux de rénovation ne veulent pas brader leur bien. Et ce, d?autant plus que la fiscalité risque de leur être moins avantageuse et qu?ils ne sont pas prêts à perdre finalement de l?argent. D?où cet abîme entre ceux qui attendent pour faire de bonnes affaires et ceux qui n?acceptent pas d?être de leur poche.

Des délais de vente revus à la hausse

Du coup, là où les agents mettaient entre deux et trois mois pour réaliser une transaction, les délais se sont nettement allongés pour atteindre dans certains cas entre dix et douze mois. Un comble lorsque l?on sait que les taux d?intérêt pour les crédits immobiliers sont à des niveaux particulièrement bas et devraient favoriser le trafic. En outre, après une période de flottement, les banques ont manifestement ré-ouvert les vannes du crédit, du moins pour les bons dossiers dotés d?un apport de 20 à 30% du montant requis.
Cette situation va-t-elle pousser le gouvernement à réintroduire des mesures fiscales accommodantes pour les primo-accédants à faibles revenus ? Le PTZ (prêt à taux zéro) dans l?ancien vient d?être supprimé alors que celui accordé pour un achat dans le neuf a été restreint. Et vu l?état des caisses de la France, on imagine mal l?introduction d?un tel coup de pouce à court terme. Les seules mesures envisagées devraient plutôt toucher les conditions d?accès au logement social, ce qui est un autre sujet.

Faute de transactions, les prix ne baissent pas

Si tous ces éléments ne se débloquent pas, il y a fort à parier, à la longue, que le marché se fragilise. L?absence de transactions n?est bonne pour personne. Ni pour ceux qui ne peuvent vendre leur actif, ni pour ceux qui ne parviennent pas à trouver de quoi se loger sans parler de toute la filière des agents immobiliers. Très logiquement, les prix ne devraient pourtant pas s?en retrouver affaiblis puisqu?en l?absence de transaction, une éventuelle poussée à la baisse ne peut intervenir.
Parmi les raisons d?espérer une possible reprise des transactions : le niveau des taux d?intérêt, résolument au tapis et les possibles opérations émanant de ceux qui ont acquis leur bien voici très longtemps et susceptibles de réaliser une belle plus-value, même en cas de prix de vente revus à la baisse.
Parmi les éléments négatifs : une conjoncture économique toujours aussi détestable poussant les candidats à l?accession à repousser leur projet faute de moyens et de confiance en l?avenir. Un environnent fiscal beaucoup moins favorable pour tous les propriétaires.

 

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