Les salariés du Crédit Immobilier de France prêts à tout pour démontrer la viabilité de l'entreprise

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  805  mots
Copyright Reuters (Crédits : <small>DR</small>)
Les salariés du CIF ont déjà prévu une vaste manifestation jeudi 13 septembre à Paris avant de faire de même en région. Ils marchent sur les traces des salariés du Crédit Foncier de France qui, en 1997, après moult négociations et concessions avaient fini par sauver l'établissement financier.

Le dossier Crédit Immobilier de France va-t-il prendre la même tournure que celle prise par le Crédit Foncier en 1997 lorsque le gouvernement de l?époque envisageait de le démanteler ? Les 2500 salariés de l?établissement financier en déroute commencent à s?organiser et à élaborer leur action à venir. Depuis les annonces officielles du début du mois de septembre, ils ne savent pas très bien sur quel pied danser. Le groupe est censé ne plus accorder de nouveaux prêts et en même temps, certaines succursales y consentent encore, utilisant leurs réserves et les fonds récoltés des versements des intérêts ou de remboursements anticipés. Une chose est pourtant quasiment sûre, d?ici à quelques mois, le Crédit immobilier de France sera largement surdimensionné socialement lorsqu?il n?y aura plus aucun fonds pour initier de nouveaux crédits et que l?activité se limitera à la gestion des affaires en cours.

Manifestation jeudi 13 septembre de la gare Saint Lazard au siège à Paris

Dans cette optique, les salariés du CIF se mobilisent donc. Première action en vue : une manifestation où les trois quarts des effectifs ont prévu de partir de la gare Saint Lazare jeudi 13 septembre avant de rejoindre le siège de l?entreprise via le boulevard Haussmann et la rue de Madrid à Paris. Au-delà de ce défilé, les syndicats du groupe ont également prévu de déterminer avec les pouvoirs publics toutes les pistes possibles pour sortir tous les salariés de cette impasse.
Dans ce sens, il semble que les représentants soient notamment décidés à vouloir démontrer la viabilité de l?entreprise. Sachant que le Crédit Immobilier de France est effectivement rentable depuis toujours. Seul problème, l?établissement est sur un seul produit, celui du financement pour l?accession à la propriété de ménages à faibles revenus et ne dispose pas de dépôts. D?où sa dépendance aux marchés financiers et sa déroute après la dégradation de sa note par les agences de notation. Le discours des salariés n?est pourtant pas dénué de sens puisqu?il semble vraiment incroyable que l?on puisse faire table rase d?une entreprise dégageant des profits. Et c?est là où ce discours ressemble en tous points à celui tenu en 1997 par les salariés du Crédit Foncier de France qui, soumis aux aléas de l?ouverture à la concurrence des prêts aidés était promis à la même extinction.

Séquestration de Jérôme Meyssonnier durant cinq jours

Si l?on fait un saut dans l?histoire, on se souvient d?ailleurs qu?à force de persévérance, de réunions avec les pouvoirs publics pour démonter la viabilité financière du groupe et d?efforts consentis de parts et d?autres, le Foncier avait finalement échappé à la disparition pure et simple. Après quelques épisodes restés célèbres, comme la séquestration du gouverneur du CFF au moment des faits : Jérôme Meyssonnier, durant cinq jours. Opiniâtreté qui avait finalement abouti à l?adossement, en 1999, de cet établissement aux Caisses d?Epargne, à la faveur d?une reprise du marché immobilier et des perspectives du secteur.
Aujourd?hui le tableau semble plus sombre. Si le marché immobilier n?est pas vraiment dans l?impasse, sauf au niveau de la promotion immobilière faute de pouvoir mettre la main sur des terrains à bon prix et dans la crainte de la fin des avantages fiscaux pour l?investissement locatif, les pouvoirs publics ne peuvent pas remettre dans les rails le CIF tel quel . Et ce, en raison de l?épée de Damoclès européenne et des règles de normes de fonds propres imposées par Bâle III. Les mêmes qui ont mis en difficulté Groupama à la fin de l?année dernière alors que l?assureur est largement rentable et à la tête de non moins nombreux fonds propres.

La cession des filiales immobilières relancée

On sait, par ailleurs, que l?idée d?un adossement a échoué, aucun autre financier n?ayant accepté de se lancer dans la reprise du CIF. Du coup, les salariés risquent d?avoir beaucoup de mal à faire entendre leur voix. Et le volet social de cette décision a de fortes chances de laisser de lourdes traces. A moins que l?Etat ne réussisse à convaincre d?autres organismes financiers de reprendre ici ou là les différentes catégories de salariés. Solution qui milite indéniablement pour la cession, en parallèle, des différentes filiales immobilières (promotion, services, administration de biens) susceptibles d?intéresser plusieurs professionnels de la place.