Epargne : les Français boudent l'assurance vie et veulent investir dans le "réel"

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  698  mots
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Selon le dernier baromètre de l'UFF, 75% des Français pensent que leur capacité d'épargne va diminuer dans les six prochains mois. Parmi leurs placements préférés: les produits à capital garanti et les obligations. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir placer leur argent dans des investissements autres que financiers.

La crise financière modifie-t-elle les stratégies de placement des Français? Sont-ils en train de revoir leurs espérances de rendement? Se préparent-ils à des lendemains qui déchantent? Pour la quatrième année consécutive, l?UFF (Union financière de France), banque conseil en gestion de patrimoine a réalisé avec l?IFOP un sondage auprès d?un panel de Français détenteurs de valeurs mobilières ou d?assurance vie pour un total (hors immobilier) de plus de 30.000 euros. L?objectif: déterminer les placements préférés de nos concitoyens et leur perception du risque.

75% des sondés se montrent très pessimistes

Parmi les grands enseignements de ce nouveau baromètre, il est très intéressant de noter que les sondés sont 57% (51% l?an passé) à avoir adapté leur comportement d?investissement au regard de la conjoncture et qu?ils sont 75% à penser que leur capacité d?épargne va diminuer dans les six prochains mois. Ils sont donc plus que jamais réticents à placer leurs avoirs dans des produits financiers et plus particulièrement actions (ils ne sont plus que 25% à plébisciter cette classe d?actif contre 41% en 2009. Ce taux est le plus bas jamais constaté depuis les débuts de ce sondage). Plus symptomatique encore est la moindre appétence des Français pour l?assurance-vie, y compris en euros. Ils ne sont plus que 57% à envisager placer leur épargne dans cette enveloppe contre?73% en 2009 et encore 66% en 2011. Cette évolution est essentiellement liée à leurs craintes concernant l?endettement des pays de la zone euro. Preuve de leur mauvaise appréhension de la réalité: ils n?ont, en parallèle, jamais été aussi prompts à vouloir acquérir des obligations (57% contre 32% en 2009) alors que ce sont précisément ces produits que l?on retrouve dans les contrats en euros de l?assurance vie. Ils sont, en parallèle, 74% à vouloir privilégier les produits à capital garanti (contre 69% l'an passé et 66% en 2009). Preuve également de leur aversion aigüe au risque: ils sont 39% à envisager d?investir dans des placements monétaires à court terme (contre 19% en 2011) et ce, alors qu?ils ne rapportent absolument plus rien compte tenu de la baisse radicale des taux d?intérêt.

Les SCPI moins appréciées

D?autres placements jusqu?à présent très appréciés des épargnants sont, au contraire, plus délaissés. Comme l?investissement immobilier locatif (49% sont prêts aujourd?hui à lui faire confiance contre 53% l?an passé). Il faut dire que la fin programmée du Scellier a semé le doute dans les esprits et le nouveau dispositif déjà dénommé le Duflot n?est pas encore totalement défini. Plus surprenant est la petite baisse de forme vis-à-vis des SCPI, ces produits immobiliers permettant d?investir dans la pierre tout en bénéficiant de l?expertise de gérants aguerris à ces placements et d?être à la tête d?un titre plus liquide qu?un bien physique. Ils ne sont, ainsi, plus que 35% à plébisciter cet actif contre 44% en 2011.

Les Français veulent investir dans le "réel"

En fait, et c?est là aussi l?un des enseignements majeurs de ce nouveau baromètre, les Français semblent résolus à s?éloigner des produits financiers pour se rapprocher de placements alternatifs. Ils sont ainsi 43% à reconnaître s?être tournés vers des placements autres que financiers cette année alors qu?ils n?étaient que 36% à le reconnaître en 2011. Parmi les chouchous: les PME non cotées, permettant aux épargnants d?investir dans le «réel», les forêts en direct ou via la souscription de parts de groupements forestiers, des domaines viticoles et enfin l?achat d??uvres d?art. Ces dernières ayant finalement réussi à passer entre les fourches caudines de Bercy qui envisageait un moment, d?alourdir la fiscalité de cette classe d?actif dans le cadre de l?imposition sur l?ISF. Mais les puissants lobbies des salles de ventes et des riches collectionneurs ont eu raison de cette éphémère velléité.
 

 

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