Immeubles inoccupés : l'assurance et l'immobilier montrés du doigt

Par Mathias Thépot  |   |  489  mots
Place des Vosges à Paris. Copyright Reuters
Le collectif Jeudi noir et l'association Droit au logement ont désigné ce mercredi un certain nombre d'immeubles inoccupés de longue date à Paris. Les compagnies d'assurance et les sociétés immobilières sont tout particulièrement visées.

A la veille de la trêve hivernale des expulsions locatives, le collectif Jeudi noir et l'association Droit au logement (DAL) ont réuni un parterre de journalistes devant un lieu symbolique: le 1bis place des Vosges, un immeuble de 1500 m2 vide depuis 1965 que Jeudi noir avait occupé durant un an avant d'en être chassé en 2010. Une affaire très médiatisée qui avait fini au tribunal.
Les deux organismes ont ensuite entamé une marche dans Paris, présentant plusieurs immeubles inoccupés depuis de trop nombreux mois. Ce, "alors que 130.000 personnes sont en attente de logement sur Paris", déplore Jean-Baptiste Eyraud, le président du DAL. 

Les investisseurs institutionnels pointés du doigt

Jeudi noir a pointé du doigt plusieurs immeubles inoccupés dont des compagnies d'assurances et des sociétés immobilières sont pour le plus souvent propriétaires. L'assureur mutualiste Groupama possède par exemple un immeuble vide de plus de 5000m2 proche de la place de la République "depuis au moins 2010", selon Jeudi noir. Cet immeuble pourrait loger décemment "250 personnes", indique Jean Marc Delaunay, membre du collectif.
De même Axa possède au 22 avenue de Matignon, en face de son siège social, un immeuble de 2100m2 vide depuis 5 ans selon Jeudi noir, que les membres ont d'ailleurs occupé avant d'en être expulsés en février 2011. Des sociétés immobilières comme la Société foncière lyonnaise, la SCI l'Elite, la SSCV Louvre Richelieu ou Bonsergent Invest sont également dénoncés par le collectif pour posséder des immeubles vides depuis longtemps dans la capitale.
Ces immeubles -pour la plupart initialement destinés à abriter des bureaux d'entreprises- pourraient très bien, selon Jeudi noir, être réquisitionnés et transformés en logement. "Dans les bureaux, on peut très facilement faire des logements. Parfois plus facilement d'ailleurs que dans des logements vacants. C'est pourquoi nous militons pour une taxe sur les bureaux vacants, qui n'existe pas encore", indique Jean-Marc Delaunay.

Les logements vides de l'Etat

Cette dernière proposition est une nouvelle piste pour la ministre de Logement Cécile Duflot qui a déjà introduit un élargissement du périmètre de la taxe sur la vacance dans le cadre de la loi de finance 2013. Elle a également été à l'origine cette semaine d'un tollé médiatique après avoir indiqué qu'elle n'excluait pas de réquisitionner des logements vacants si nécessaire.
Elle ne vise ici pas uniquement le parc privé mais aussi (et surtout) le parc public, qui possède de nombreux d'espaces inoccupés. Jean Baptiste Eyraud évoque notamment les casernes de gendarmerie qui pourraient accueillir un grand nombre de mal-logés. Jeudi noir pointe pour sa part la caserne de Reuilly, dans le douzième arrondissement parisien, qu'il juge vide depuis au moins 10 ans. Ainsi que le Fort de l'Est à Saint Denis qui contiendrait plus d'une centaine de logements vides.