Immobilier : la profession vent debout contre la réquisition des logements vacants

Les professionnels du secteur de l'immobilier regrettent que la ministre de Logement Cécile Duflot ait fait part publiquement de son intention de réquisitionner les logements vacants. Ils estiment que faire cela serait injuste et inefficace et prônent des mesures davantage incitatives.
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Décidemment, Cécile Duflot peine à convaincre les professionnels de l'immobilier. La ministre du Logement a laissé entendre samedi dernier qu'elle pourrait réquisitionner un certain nombre de logements vacants en France pour mieux aider les personnes dans le besoin à se loger. Elle veut lutter contre les "bâtiments vides depuis des années qui ne servent à rien, quand des gens, des familles, sont à la rue".

Encore des incertitudes

Mais pour les professionnels du secteur de l'immobilier, les solutions au problème du mal-logement ne se trouvent pas là. L'annonce de Cécile Duflot risquerait même d'empirer les choses. "Les incertitudes introduites par la ministre ne peuvent que paralyser l'économie. Au même titre que lorsqu'elle a annoncé le plafonnement des loyers", avertit François Gagnon, président d'Era Europe et France. "Sans être des mesures de grande ampleur, elles suscitent la crainte", déplore-t-il. Si ce dernier ne remet pas en cause les "bonnes intentions" de la ministre, il craint que l'annonce n'agace encore plus investisseurs locatifs et ne dégrade la situation.

Epargner ailleurs que dans l'immobilier? 

D'autant que l'environnement économique pour les propriétaires bailleurs ne les incite pas à acheter des logements, selon Jean-François Buet, le président de la Fédération nationale de l'immobilier. "A un moment où la fiscalité est de plus et plus galopante, où les charges sur les propriétaires sont en augmentation, où les décisions de justice vont beaucoup dans le sens des locataires, et où l'on dit aux propriétaires : «on va encadrer les loyers et si vous ne louez pas on va réquisitionner le logement», il ne serait pas étonnant de voir ces personnes décider d'épargner autre part que dans immobilier", craint Jean-François Buet.

Des propriétaires de bonne foi

Les professionnels du secteur ne comprennent par ailleurs pas que la bonne foi des propriétaires soit remise en question. "Un propriétaire ne s'amuse pas à laisser volontairement un appartement vide", constate Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France et Monaco. Pour lui, les délais d'inoccupation sont dus aux "mises en vente, aux transmissions dans le cadre de successions, aux mutations professionnelles provisoires, aux travaux parfois difficilement finançables et à l'exode rural, responsable d'un tiers du taux de vacance en France". Ce dernier est d'ailleurs de "7,5%, soit un point bas depuis 40 ans selon l'Insee", indique Laurent Demeure. En outre, "un propriétaire a le même raisonnement qu'un entrepreneur, il rentabilise son patrimoine. Or celui-ci a un réel coût économique, induit par les charges et son entretien. Le propriétaire n'a donc pas intérêt à laisser un logement vide aujourd'hui", ajoute Laurent Demeure.

Accélérer les travaux

Il serait cependant possible d'agir sur le taux de vacance en fluidifiant le marché. Notamment en ce qui concerne les travaux de rénovation, de réhabilitation et de mises aux normes énergétiques. Des missions qui sont en partie allouées à l'Agence nationale de l'habitat (Anah). Selon Laurent Demeure, elle est en conséquence « investie d'une mission de lutte contre les logements vacants". Mais il juge aujourd'hui son budget "insuffisant" car il faudrait que l'Anah soutienne, à son sens, davantage les propriétaires dans leurs travaux.
Des mesures positives qui accompagnent les propriétaires: voilà ce que demandent les professionnels de l'immobilier. Il vaut mieux "accroître la taxation" de ceux qui gardent délibérément leur appartement vide plutôt que de leur "enlever des droits", propose ainsi François Gagnon. Et d'en parallèle favoriser la situation des Français qui veulent aller vers l'investissement locatif pour "louer à des familles en difficulté", ajoute le président d'Era Europe et France. D'après lui, il faut avant tout  "axer le problème de façon positive en créant et en produisant plus".

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Commentaires 6
à écrit le 12/11/2012 à 17:14
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sur le meme principe il y a beaucoup de voitures qui ne servent pas , alors que des pauvres vont a pied est-ce bien normal ??

à écrit le 07/11/2012 à 11:17
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N'oubliez pas qu'une partie significative des logements vides sont soit des habitations détenues par des entreprises, soit des bureaux. Il y a beaucoup trop de bureaux en France (meilleure rentabilité pour un bailleur) et presque assez d'habitations....

à écrit le 03/11/2012 à 16:51
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Et quand les logements vacants ne suffiront plus, Ils compteront le nb de personnes dans les familles et réquisitionneront toutes les pièces inocupés des appartements. Comme ça en France, on est gentil, on va pouvoir acceuillir tout les miséreux de l...

le 07/11/2012 à 17:05
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Ouais c'est ça, et quand l'Etat sponsorisait les bailleurs avec mes impôts c'était pas du communisme ?

à écrit le 01/11/2012 à 16:26
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Pour qu'un logement ne soit pas vacant il suffit d'y mettre quelques meubles d'y vivre quelques jours dans l'année et surtout de payer la taxe d'habitation, ce que ne manqueront pas de faire les propriètaires avant qu'on leur confisque.

à écrit le 01/11/2012 à 15:57
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je serai curieux de connaitre le nombre de logements vacants dans les beaux quartiers de nos villes, mais quelque chose me dit qu'ils resteront toujours vides.... faut pas mélanger les serviettes et les torchons.

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