Pourquoi les inondations en Allemagne n'inquiètent pas les assureurs

Par Ivan Best  |   |  643  mots
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Le coût des inondations en Allemagne est estimé entre 12 et 15 milliards d'euros. Mais seule une petite partie sera pris en charge par les assureurs. Les Länder et l'Etat fédéral assureront éventuellement le financement des réparations

Les inondations en Allemagne relèvent à coup sûr de la catastrophe naturelle, dont les dégâts avoisineront certainement les 15 milliards d'euros. Soit autant que celles de 2002, qui avaient marqué les esprits, et avaient contribué à la chute de chancelier Gerhard Schröder, dont l'attitude avait été jugé déplacée (on l'avait vu se promener, très chic, en bottes et marinière, au milieu des terres inondées).
Mais pour les assureurs allemands, ces dégâts ne sont pas un vrai problème. Ils ont certes recours, pour partie, à la réassurance. Mais avant même que celle-ci n'entre en jeu, leurs dépenses seront limitées dans une fourchette entre 2,5 et 3 milliards d'euros, avance l'agence de notation Fitch. Pas de quoi revoir leur note. Le coût pourrait être de 350 millions d'euros pour Allianz, et Generali, deuxième assureur en Allemagne, a annoncé un coût net de réassurance de 100 millions.

Une option onéreuse
Comment expliquer cet écart, entre la quinzaine de milliards d'euros que nécessiteront la réparation des dégâts, le remplacement des autos emportes par les crues, les quelques centaines de millions de dépenses des assureurs ?
Fitch avance une raison toute simple : beaucoup de ménages allemands ne sont tout simplement pas assurés contre les catastrophes naturelles. La couverture de ce risque est possible, mais c'est une option. Souvent onéreuse. Notamment ceux qui résident dans des zones à risque. Car dans, ce cas, en l'absence de système mutualisé comme en France, leur assureur leur demande des primes exorbitantes. Les assureurs allemands disposent de cartes évaluant les risques d'inondations, classées de un à quatre, selon la probabilité qu'elles interviennent : le risque le plus faible, c'est quand la zone est considérée comme inondable une fois tous les 200 ans. La zone la plus « risquée » correspond à une inondation tous les dix ans ou moins.

32% des ménages assurés contre les catastrophes naturelles
Du coup, Allemagne, seules 32% des ménages optent pour l'assurance contre le risque de catastrophe naturelle, relève Fitch. Cela dépend bien sûr des régions. En Bavière, Land affecté par les inondations, seuls 21% des ménages sont couverts.... En Saxe, le taux est plus élevé (42%). Mais surtout, à l'intérieur des Länder, les habitations à risque sont certainement beaucoup moins assurées que ne le laissent penser ces moyennes.
Au total, le «ratio combiné », qui correspond aux coûts des assureurs rapporté aux primes encaissées, devrait donc augmenter de trois à cinq points avant réassurance. Mais celle-ci amortit bien sûr le choc. Après réassurance, donc, la hausse du ratio combiné serait limitée à deux ou trois points, avance Fitch. Ainsi, le ratio devrait rester sous les 100%, les primes couvrant donc l'ensemble des coûts (sinistres plus gestion).

Les Länder et l'Etat fédéral prendront le relais
De bons chiffres pour la profession, qui auraient toutefois pu laisser de nombreux ménages allemands en situations difficile. Sauf que les Länder et le gouvernement fédéral devraient acquitter une bonne partie de la facture. Ils ont annoncé leur décision récente d'ouvrir un fonds doté de huit milliards d'euros, destiné à indemniser les victimes des inondations. Les Allemands paieront donc peut-être, in fine, mais sous forme de hausses d'impôts.
Un système radicalement différent de celui existant en France, où existe le régime spécifique « catastrophes naturelles ». Un régime financé par une taxe de 12%, assise sur tous les contrats multi risque habitation (MRH). A la différence ce qui se passe en Allemagne, tout le monde paie la même chose, quel que soit le risque encouru. Une mutualisation a priori, alors qu'elle est seulement éventuelle Outre Rhin, dépendant des décisions des autorités régionales et fédérales.