Vers un plus bas historique pour le taux du Livret A ?

Par Christine Lejoux  |   |  447  mots
Jamais la rémunération du Livret A n'est tombée en dessous de 1,25%, un plancher touché entre le 1er août 2009 et le 1er août 2010. Copyright Reuters
La rémunération du placement préféré des Français devrait tomber à 1%, le 1er août, sur la base du chiffre de l'inflation publié ce jeudi par l'Insee. Mais le gouverneur de la Banque de France peut décider, en accord avec le ministre de l'Economie, de ne pas respecter à la lettre le mode de calcul du taux du Livret A, comme il l'avait fait en février.

Le Livret A va perdre de son charme. Le rendement du placement préféré des Français, qui est actuellement de 1,75%, devrait tomber à 1%, lors de sa prochaine révision, le 1er août. Cette estimation se fonde sur le chiffre de l'inflation, publié ce jeudi par l'Insee, et qui est ressorti à 0,8% (hors tabac) pour le mois de juin. En effet, selon l'arrêté du 29 janvier 2008, le rendement du Livret A est calculé soit sur la base de l'inflation et des taux des prêts entre banques, soit en fonction de la seule inflation, suivant la solution offrant la rémunération la plus favorable.

Les taux des prêts entre banques étant actuellement au plus bas, c'est la seconde solution qui devrait être retenue. Ce qui, en majorant le chiffre de l'inflation d'un quart de point, comme prévu par l'arrêté du 29 janvier 2008, donnerait un taux de 1,05%. Arrondi au quart de point le plus proche, comme l'exige la formule de calcul du taux du Livret A, celui-ci tomberait à 1%.

Jamais la rémunération du Livret A n'est descendue sous le seuil de 1,25%

Il s'agirait là du rendement le plus bas depuis 1818, date de la création du "livret de caisse d'épargne." Jamais la rémunération du placement préféré des Français n'est descendue sous le seuil de 1,25%, un plancher connu entre le 1er août 2009 et le 1er août 2010. Reste que le gouverneur de la Banque de France n'est pas obligé d'appliquer à la lettre le mode de calcul du Livret A, à condition que le ministère de l'Economie soit d'accord. Ainsi, en février dernier, Christian Noyer, redoutant "qu'un mouvement de trop grande ampleur soit mal compris (par les épargnants)" avait choisi d'abaisser le taux du Livret A de 2,25% à 1,75%, alors que le respect stricto sensu de la formule de calcul aurait ramené le taux à 1,50%.

La décision de Christian Noyer prendra en compte le coût du financement des PME et le pouvoir d'achat des épargnants

Le gouverneur de la Banque de France a jusqu'à lundi prochain pour décider de déroger ou non à la formule de calcul du taux du Livret A. Mercredi, à l'occasion de la présentation du rapport annuel du l'Observatoire de l'épargne réglementée, Christian Noyer a indiqué que sa décision serait dictée par deux considérations. A savoir "la baisse du coût du financement des PME", auxquelles les banques doivent théoriquement prêter l'argent collecté sur le Livret A, et "le maintien du pouvoir d'achat de l'épargnant." Deux objectifs a priori contradictoires, entre lesquels le gouverneur de la Banque de France va devoir trouver un savant équilibre.