Les banques françaises risquent de se retrouver confrontées à leurs vieux démons

Par Christine Lejoux  |   |  678  mots
Contrairement à BNP Paribas, certaines banques pourraient faire état d'une augmentation sensible de leur coût du risque, au titre du deuxième trimestre 2013. Copyright Reuters
Au-delà de la morosité de la conjoncture qui pèse sur leur activité, les banques françaises pourraient de nouveau avoir maille à partir avec la crise des dettes souveraines et la raréfaction des financements en dollars.

S'il y a bien des chefs d'entreprise qui ne sont pas encore en vacances, ce sont les dirigeants des banques françaises. Après BNP Paribas, qui a présenté ses résultats du deuxième trimestre mercredi, la Société générale se pliera au même exercice jeudi. La semaine prochaine, ce sera au tour du Crédit agricole et de BPCE d'entrer dans « le bal des trimestriels. »

Si le coût du risque (provisions pour crédits non remboursés) a augmenté de 0,18% seulement chez BNP Paribas, ses concurrentes pourraient en revanche faire état de chiffres moins flatteurs, en raison de la multiplication des défaillances d'entreprises, qui ont augmenté de 9,4%, au deuxième trimestre, se rapprochant des niveaux enregistrés lors de la récession de 2009, d'après les données du groupe Altares.

Les programmes de réduction des coûts sont à l'ordre du jour

Et les banques françaises ne sont pas seulement exposées à la morosité de la conjoncture économique dans l'Hexagone, mais également aux difficultés de pays comme l'Italie, où le produit intérieur brut (PIB) devrait fléchir de 2%, en 2013, et où le Crédit agricole, par exemple, est très présent, avec Cariparma (banque de détail) et Agos Ducato (crédit à la consommation).

Dans ce contexte, les programmes de réduction des coûts sont plus que jamais d'actualité, afin de préserver la rentabilité des banques. Le plan « Simple and efficient » de BNP Paribas, qui prévoit 2 milliards d'euros d'économies par an, à partir de 2015, a déjà permis d'économiser 330 millions d'euros, au premier semestre. Au Crédit agricole, le programme MUST doit déboucher sur 650 millions d'euros d'économies annuelles, à partir de 2016. Et la Société générale avait annoncé, le 7 mai, un plan d'économies de 900 millions d'euros d'ici à 2015, en plus des 550 millions d'euros de réductions de coûts déjà réalisées l'an dernier.

Les investisseurs jugent une restructuration de la dette du Portugal de plus en plus probable

Au-delà de la morosité de la conjoncture économique, les banques françaises risquent de se retrouver confrontées à de vieux démons. A commencer par une possible résurgence de la crise des dettes souveraines dans la zone euro, les investisseurs jugeant une restructuration de la dette publique du Portugal de plus en plus probable. Or l'exposition des banques françaises au Portugal s'élevait à près de 17 milliards de dollars, à la fin 2012, selon la Banque des règlements internationaux. Un montant pourtant sans commune mesure avec leurs expositions à l'Italie et à l'Espagne, qui se montent respectivement à 335 milliards et à 104 milliards d'euros.

En un an, l'exposition des fonds monétaires américains aux banques françaises a plus que triplé

Autre spectre susceptible de resurgir, en cas de « come-back » de la crise des dettes souveraine : le brusque tarissement des financements en dollars. Car, comme le souligne Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue, les banques françaises ont renoué avec leur imprudente habitude de rendre leur liquidité très dépendante des fonds monétaires américains : entre juin 2012 et juin 2013, l'exposition de ces fonds aux banques françaises a plus que triplé. Or les fonds monétaires américains avaient brutalement réduit leur exposition aux banques de la zone euro à l'été 2011, au plus fort de la crise grecque, plongeant ces dernières dans une crise de liquidité.

La réglementation bancaire s'alourdit encore

Enfin, sur le plan réglementaire, les banques ont à peine eu le temps de se réjouir d'être déjà en conformité avec le ratio de solvabilité de la réforme Bâle III, laquelle devrait entrer en vigueur l'an prochain, que le comité de Bâle exige à présent qu'elles satisfassent un nouveau ratio, dit de levier, qui leur imposera de détenir des fonds propres représentant au moins 3% du total de leurs engagements. Un ratio qualifié de « mesure grossière » par Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale, lors des rencontres Paris Europlace du 11 juillet.