Les billets de cinq euros remplacés par des pièces ?

Par latribune.fr  |   |  559  mots
La Monnaie de Paris met en avant la longévité des pièces (en moyenne de 40 ans), bien supérieure à celle des billets (estimée à 1 an), qui pourrait permettre d'importantes économies.
La Monnaie de Paris a ressorti de son placard cette proposition déjà rejetée en 2011. Selon le patron de l'institut de frappe, "la zone euro ferait une économie collective de 10 milliards d'euros". Mais ce projet a peu de chances de voir le jour car il n'a ni les faveurs de la BCE ni celles de Bercy.

La Monnaie de Paris ne rend pas les armes. Deux ans après une première tentative, l'institut relance sa campagne en faveur de la création d'une pièce de 5 euros, qui viendrait concurrencer le billet de même valeur.

"La zone euro ferait une économie collective de 10 milliards d'euros"

"Si on transformait tous les billets de 5 euros en pièces, la zone euro ferait une économie collective de 10 milliards d'euros", a fait valoir ce vendredi auprès nos confrères de l'AFP Christophe Beaux, le patron de la Monnaie de Paris. Le groupe public met en avant la longévité des pièces (en moyenne de 40 ans), bien supérieure à celle des billets (estimée à 1 an), qui pourrait permettre d'importantes économies.

Ce dernier a également fait valoir son point de vue lors d'une réunion à Bruxelles ce vendredi. Celle-ci réunissait des représentants des Etats membres de la zone euro, de la Banque centrale européenne et des instituts de frappe monétaires.

L'hostilité de la BCE

Même s'il obtenait l'accord des autorités politiques, en l'occurrence en France de la direction du Trésor qui dépend de Bercy, Christophe  Beaux risquerait de buter comme en 2011 sur l'hostilité de la Banque centrale européenne (BCE) qui est opposée à une telle idée.

D'autant que les banques centrales nationales sont celles qui fabriquent le billet de 5 euros considéré avec le billet de 10 euros comme l'un des plus rentables de toutes les coupures.

"Franchement, ce n'est pas possible", affirme un responsable de Bercy

Pour la Monnaie de Paris, se voir confier la fabrication d'une pièce de 5 euros relancerait son activité séculaire de frappe de monnaies pour le compte de l'Etat, en perte de vitesse. Le chiffre d'affaires de cette activité historique a baissé en 2012 de 9%, à 42 millions d'euros. Elle ne représente plus que 27% des revenus de la Monnaie de Paris contre 60% en 2007.

Si l'Etat a commandé 800 millions par an de pièces à la Monnaie pour les trois prochaines années, ce montant devrait diminuer par la suite, indique le groupe public. "Faut-il autoriser la production d'une pièce de 5 euros pour occuper des salariés de Pessac. Franchement ce n'est pas possible", ironise un responsable de Bercy.

En 2011, plusieurs instituts de frappe avait déjà fait campagne pour la création d'une pièce de 5 euros calquée sur la pièce de 5 francs suisse

En 2011, avec entre autres les instituts de frappe danois, italien et espagnol, la Monnaie de Paris avait déjà fait campagne auprès des autorités européennes pour la création d'une pièce de 5 euros calquée sur le modèle de la pièce de 5 francs suisse. L'essai n'avait pas été concluant.

Cette initiative s'inscrit dans une campagne générale de la Monnaie de Paris, qui milite pour une restructuration de l'industrie européenne de la frappe monétaire, comptant une vingtaine d'acteurs. Bousculée comme ses rivaux européens par la multiplication des moyens de paiement électroniques, la Monnaie de Paris se doit en effet de réagir si elle veut survivre.

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