Monnaie digitale : 80% des banques centrales planchent sur le sujet

Par Latribune.fr avec AFP  |   |  680  mots
Benoît Coeuré, à ma tête du pôle innovation de la BRI et ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), va co-piloter, avec Jon Cunliffe, actuel sous-gouverneur de la Banque d'Angleterre, un groupe de travail sur la monnaie digitale des banques centrales. (Crédits : BCE)
Si la plupart des banques centrales étudient la création d'une monnaie numérique, et que leurs travaux en la matière accélèrent, seules 10% d'entre elles en étaient au stade du projet pilote fin 2019. Pour accélérer le mouvement, la Banque des règlements internationaux vient de lancer un groupe de travail regroupant six banques centrales, dont la BCE. En parallèle, le Forum économique de Davos vient de créer un consortium public-privé visant à définir un cadre réglementaire international pour les cryptomonnaies.

La Banque de France n'est pas la seule à plancher sur la création d'une monnaie numérique. Depuis l'annonce du projet de cryptomonnaie Libra de Facebook, les travaux des banques centrales sur la création d'une monnaie digitale accélèrent. C'est ce qu'il ressort d'une étude menée par la Banque des règlements internationaux, la BRI souvent présentée comme la banque centrale des banques centrales. Dans une étude rendue publique jeudi 23 janvier, l'institution financière internationale révèle que 80% des banques centrales étudient la création d'une monnaie digitale d'une manière ou d'une autre. C'est 10 points de plus qu'un an auparavant.

Ce sondage, réalisé fin 2019 auprès de 66 banques centrales de pays développés et de pays émergents, montre que la plupart d'entre elles s'efforcent de comprendre les implications de la création d'une telle monnaie numérique pour leur juridiction. Toutefois, peu d'entre elles se situent à un stade très avancé en la matière.

Recherches théoriques et expérimentations, mais peu de projets pilotes

Dans le détail, à la fin 2019, 40% d'entre elles étaient passées du stade de la recherche purement théorique à l'expérimentation ou à l'étude de faisabilité d'une version numérique de leur monnaie. En revanche, seulement 10% (et uniquement des banques centrales de pays émergents) étaient arrivées au stade de la mise en place de projets pilotes.

La moitié du panel songe à la fois à la création d'une monnaie digitale de "gros", c'est-à-dire pour les transactions interbancaires, et à visée généraliste, c'est-à-dire à destination du grand public en remplacement ou complément des billets de banque classiques. Par ailleirs, 10% d'entre elles disent qu'un lancement à court terme d'une version à destination du grand public est désormais "probable", soit deux fois plus qu'il y a un an, relève la BRI.

Les pays émergents plus "motivés"

A titre d'exemple, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a annoncé, en décembre dernier, le lancement d'un appel à projets concernant la création d'une monnaie digitale de banque centrale au premier trimestre 2020. L'objectif étant de tester d'abord une monnaie numérique interbancaire qui puisse servir de laboratoire en vue d'un éventuel futur "euro digital"

"Les pays en développement présentent généralement des motivations plus fortes que les économies avancées pour travailler sur les monnaies digitales de banque centrale à vocation généraliste", souligne la BRI dans son étude.

Malgré les avancées, 70% des banques centrales répondent qu'un lancement de versions numériques de leur monnaie est encore "peu probable" dans un "futur proche".

Six banques centrales vont collaborer

La banque centrale des banques centrales estime que la collaboration à l'échelle internationale, notamment via son centre d'innovation, sera nécessaire pour "éviter toute conséquence internationale imprévue".

Dans cette optique, elle a annoncé en début de semaine le lancement d'un groupe de travail regroupant six banques centrales, piloté par Benoît Coeuré, à la tête de son pôle innovation et ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), et Jon Cunliffe, actuel sous-gouverneur de la Banque d'Angleterre.

La BCE, la banque centrale de Suède, celle du Canada, du Japon et de la Suisse étudieront ainsi les aspects techniques, fonctionnels et réglementaires de l'utilisation des monnaies numériques des banques centrales.

Un consortium public-privé sur les cryptomonnaies

En parallèle, le Forum économique mondial de Davos a annoncé, ce vendredi 24 janvier, la création d'un consortium international visant à définir un cadre réglementaire pour les cryptomonnaies et qui doit réunir notamment des banquiers centraux, des entreprises et des ONG.

"Les devises virtuelles sont souvent citées comme un outil d'inclusion financière mais cette opportunité ne pourra se réaliser qu'avec une bonne gouvernance", a précisé le communiqué.

Plusieurs acteurs de premier plan se sont félicités de l'initiative, qui doit débuter fin avril, à l'instar de Lesetja Kganyago, gouverneur de la banque centrale sud-africaine ou de David Marcus, responsable chez Facebook du projet Libra.