Paiement : Famoco veut devenir le champion mondial de la "transaction responsable"

Par Juliette Raynal  |   |  813  mots
Lionel Baraban, directeur général et cofondateur de Famoco, a cofondé l'entreprise en 2010 aux côtés de Nicolas Berbigier. (Crédits : Famoco)
La fintech a déployé près de 300.000 terminaux sans contact dans le monde et vient de décrocher un financement de 20 millions d’euros auprès de la Banque européenne d’investissement pour se renforcer en Afrique et dans les paiements. A l’avenir, elle entend se frotter aux poids lourds du secteur que sont Ingenico et Verifone.

Discrète mais ambitieuse, la startup française Famoco, spécialisée dans les transactions sécurisées et l'inclusion financière, accélère. Elle vient d'obtenir un nouveau financement de 20 millions d'euros auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI). Ce soutien de poids a été officialisé ce vendredi 31 janvier par Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, à l'occasion du salon Change Now, dédié aux solutions à impact positif, qui se tient jusqu'à demain au Grand Palais.

"Nous sommes très fiers de compter la BEI comme partenaire. Cela nous apporte beaucoup de respectabilité et cela est très rassurant pour les grands acteurs des pays émergents avec lesquels nous travaillons", commente à La Tribune Lionel Baraban, le directeur général et cofondateur de Famoco, aux côtés de Nicolas Berbigier.

Ce financement sous forme d'emprunt permet par ailleurs à l'entreprise de ne pas diluer davantage son capital. Fondée en 2010, elle avait précédemment levé 24 millions d'euros à l'occasion de plusieurs tours de table auprès d'Eurazeo, d'Orange Digital Ventures, d'Hi Inov et de SNCF digital ventures.

Garantir la souveraineté des données de transactions

En dix ans, Famoco a déployé un parc d'environ 300.000 terminaux utilisés par 1.400 entreprises réparties dans une cinquantaine de pays à travers le monde.

"80% de notre chiffre d'affaires est réalisé à l'export et la majorité de notre export se fait en Afrique où nous sommes présents dans une trentaine de pays. Nous avons aussi des activités en Asie du Sud-Est, en Inde et en Amérique du Nord", détaille l'entrepreneur.

Famoco est notamment connue pour son attachement à la garantie de la souveraineté des données. Les terminaux qu'elle déploie reposent sur un système d'exploitation Android, sécurisé par ses soins de manière à ne laisser aucune trace numérique accessible à Google. Elle ambitionne aujourd'hui de devenir "le leader mondial de la transaction responsable, en donnant la possibilité aux personnes de réaliser des transactions en toute confiance numérique et à un coût abordable", explique Lionel Baraban.

De l'inclusion financière aux titres de transport

Ses terminaux sont notamment utilisés par les commerçants pour accepter les paiements alternatifs (autres que ceux réalisés par les réseaux Visa et Mastercard). Ces derniers englobent aussi bien les services de mobile money, très répandus en Afrique, que les applications Alipay et Wechat Pay, très prisées des touristes chinois.

La fintech a également digitalisé le programme de coupons alimentaires des Nations Unies: des cartes de paiement nominatives sont distribuées aux bénéficiaires pour leur permettre de réaliser leurs achats de manière fléchée. "Entre 20 et 25 millions de personnes sont concernées, précise l'entrepreneur. Elles retrouvent leur dignité en devenant des véritables agents économiques avec un pouvoir d'achat", estime-t-il.

Mais les applications de Famoco ne se limitent pas au monde des paiements. Ses terminaux sont aussi utilisés pour vérifier l'identité d'une personne ou pour valider un titre de transports. En Afrique, de nombreux opérateurs télécoms, dont Orange, utilisent ainsi les lecteurs de Famoco pour enregistrer de nouveaux clients et associer une identité à une nouvelle carte SIM. Au Bénin, sa technologie est utilisée pour la vérification des visas aux frontières. Au Canada, la fintech déploie ses appareils dans le réseau de transports en commun de Toronto.

Accepter tous les moyens de paiement

Grâce à ce nouveau financement, Famoco entend renforcer sa présence en Afrique et se muscler dans les paiements. La fintech souhaite profiter de plusieurs évolutions réglementaires pour accepter les transactions sans contact réalisées par les cartes Visa et Mastercard. De quoi marcher sur les plates-bandes d'Ingenico et Verifone, les poids lourds français et américain du secteur. Elle prévoit également de mettre l'accent sur la R&D pour intégrer sur un même terminal tous les nouveaux moyens de paiements: QR code, cartes sans contact, biométrie, cryptomonnaie, reconnaissance faciale, etc..

En parallèle, Famoco va développer une place de marché d'applications métier pour démultiplier les usages possibles à partir d'un seul et même appareil. "L'idée est qu'un agent Orange puisse aussi proposer des services de transferts d'argent ou faire du microcrédit ou de la preuve de livraison. Ces applications pourront être développées par Famoco, mais aussi par des entreprises tierces", détaille Lionel Baraban.

Un moyen pour Famoco, qui entend atteindre l'équilibre financier cette année, de diversifier ses sources de revenus. La fintech ne communique pas sur le montant exact de son chiffre d'affaires, mais précise qu'il se situe entre 15 et 20 millions d'euros, en hausse de plus de 49% sur l'année 2019. L'entreprise, qui emploie une centaine de personnes, prévoit 20 à 30 recrutements au cours des douze prochains mois.