SNCF Réseau émet le tout premier green bond sur... 100 ans

Par Juliette Raynal  |   |  645  mots
(Crédits : Vitirover)
SNCF Réseau vient de lancer un green bond de 100 millions d'euros dit "à maturité 100 ans". En clair, cet emprunt vert prendra fin en 2119. Le précédent record était détenu par l'EDF portugais, Energias de Portugal (EDP) et par l'entreprise allemande EnBW, toutes deux ayant emprunté sur une maturité de 60 ans.

En juillet 2017, la SNCF avait déjà émis une obligation verte hors norme, en lançant un green bond d'un montant de 750 millions d'euros sur 30 ans, une durée inédite à l'époque. L'entreprise publique vient de battre un nouveau record. SNCF Réseau, le gestionnaire du réseau ferroviaire français, a lancé ce mercredi 14 août la toute première obligation verte de maturité 100 ans "jamais émise au niveau mondial, tous émetteurs confondus", se félicite-t-il dans un communiqué. Ce nouvel emprunt, arrangé par HSBC, a été réalisé pour un montant de 100 millions d'euros, "avec un coupon historiquement bas de 1,425% compte tenu de la maturité", fait valoir l'émetteur.

Le record de l'obligation verte la plus longue jamais émise était précédemment détenu par l'EDF portugais, Energias de Portugal (EDP) et l'entreprise allemande Energie Baden-Wuerttemberg (EnBW) sur une maturité de 60 ans. De son côté, la SNCF avait déjà émis une première obligation à 100 ans en 2015, mais pas sous la forme d'un green bond. Par ailleurs, elle avait été réalisée pour un montant plus faible, de 25 millions d'euros.

Alignement des financements sur les actifs à long terme

Les obligations vertes (ou green bonds en anglais) sont des d'emprunts émis par une entreprise ou un acteur public dont le but est de financer uniquement des projets de transition énergétique. Une entreprise peut ainsi émettre des obligations vertes auprès d'investisseurs pour financer le développement d'un parc éolien par exemple. Elles se distinguent des obligations classiques par des rapports détaillés sur les investissements qu'elles financent et le caractère vert des projets financés.

Cette émission de 100 millions d'euros a été souscrite par un seul et unique investisseur dont l'identité reste confidentielle.

"Au-delà du record, notre enjeu consiste à réaliser des émissions à long terme afin d'y adosser nos actifs, qui sont à long terme également. Avec ce green bond, nous sommes parvenus à trouver un financement à très long terme à un taux d'intérêt historiquement bas sur une durée de 100 ans. Il y a peu d'investisseurs sur ces maturités là. L'investisseur était très sensible à l'aspect vert et à notre méthodologie", explique à La Tribune Antoine Chaumeil, membre de l'équipe financement et relations investisseurs de SNCF Réseau.

SNCF Réseau deuxième plus gros émetteur de green bonds en France

Les fonds levés seront alloués d'une part à des investissements liés à la maintenance, l'amélioration et l'optimisation énergétique des voies ferroviaires et, d'autre part, à des investissements liés à la réalisation de nouvelles voies ou à l'extension des lignes existantes.

Avec un encours de 5,4 milliards d'euros, le programme green bond de SNCF Réseau se situe désormais à la 2ème place sur le marché français et à la 7ème place au niveau mondial. Dans l'Hexagone, c'est Engie qui monte sur la première marche du podium. Depuis 2014, l'ex-GDF Suez, pionnier de la finance verte, a émis pour 8,75 milliards d'euros de green bonds. Cet encours le place même à la première place des émetteurs corporate de green bonds dans le monde.

Par ailleurs, "sur la seule année 2019, SNCF Réseau a d'ores et déjà levé 2,8 milliards d'euros ce qui lui permet de s'élever sur la 3ème marche du podium mondial", souligne l'entreprise publique.

Sur l'année 2019, la Société du Grand Paris occupe, elle, la deuxième marche du podium après avoir levé 3 milliards d'euros en deux temps.

La France championne du monde

En juin dernier, la France a repris son titre de championne du monde de la finance verte. Au premier semestre, d'après le classement publié par l'organisation à but non lucratif britannique Climate Bonds Initiative, le premier pays émetteur d'obligations vertes depuis le début de l'année était la France avec 15,3 milliards de dollars (environ 13,4 milliards d'euros). Elle supplante ainsi les Etats-Unis et les Pays-Bas.