Un "Hard Brexit" coûterait 43 milliards d'euros à la finance britannique

Par latribune.fr  |   |  505  mots
"Brexit is Brexit !", martèle à longueur de discours la Première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, comme hier mercredi 5 octobre, lors du dernier jour de la conférence annuelle du parti conservateur (Tories), à Birmingham.
Un rapport examine les conséquences de deux hypothèses de sortie de l'Union européenne. Dans le pire des cas, le marché unique serait définitivement fermé, les pertes des banques pourraient atteindre 38 milliards de livres, tandis que 65.000 à 75.000 emplois se retrouveraient sur la sellette.

"Brexit, ça veut dire Brexit"... si la désormais fameuse tautologie de Theresa May n'a pas comblé l'abîme d'incertitudes sur les conséquences du référendum, la fermeté - apparente - du raisonnement a semblé encourager dans les rangs Tories la montée d'un scénario de sortie brutale, le "Hard Brexit". Mais qu'est-ce qu'un "Hard Brexit" ? C'est la rupture douanière avec l'Union européenne et donc de l'accès au marché unique de l'Union européenne. De fait, Theresa May semble désormais donner la priorité au contrôle des frontières plutôt qu'à l'accès au marché unique européen.

Si, comme le rapporte Libération, l'idée semble euphoriser certains aficionados de la Première ministre, ce scénario brutal ne serait pas sans conséquence sur la santé de la place financière de Londres. Selon une étude d'impact publiée hier mercredi et signalée par Reuters, le secteur financier britannique pourrait perdre jusqu'à 38 milliards de livres sterling (43,2 milliards d'euros) de revenus.

11,4 milliards d'euros d'impôts en moins pour l'Etat

Ce rapport du cabinet de consultants Olivier Wyman a été réalisé à la demande de TheCityUK, principal groupe de pression du secteur financier et organisme de promotion de la place de Londres - laquelle, faut-il le rappeler, était majoritairement pour le maintien dans l'UE.

Si les entreprises du secteur (banques de détail et d'investissement, gérants d'actifs et assureurs) perdaient l'accès au marché unique, ce sont quelque 75.000 emplois qui pourraient disparaître, détaille encore le rapport. Et le manque à gagner de l'Etat en recettes fiscales pourrait se chiffrer à 10 milliards de livres (11,367 milliards d'euros).

Hard or not hard ? 75.000 suppressions d'emplois ou 4.000 ?

Le secteur financier britannique représente un chiffre d'affaires annuel de 190 à 205 milliards de livres, emploie environ 1,1 million de personnes et paie chaque année de 60 à 67 milliards de livres d'impôts (68 à 76 milliards d'euros), toujours selon le rapport.

Theresa May a annoncé dimanche que le Royaume-Uni invoquerait l'article 50 du Traité européen avant la fin mars 2017 tout en écartant l'idée de choisir entre un "Soft Brexit", fondé sur des concessions mutuelles, et un "Hard Brexit" marquant la rupture avec le marché unique de l'Union européenne.

L'avantage de garder un accès à l'Espace économique européen

Le rapport précise les conséquences de deux hypothèses. Dans le pire des cas, celui du "Hard Brexit", le marché unique est définitivement fermé et les banques accusent un manque à gagner de 32 à 38 milliards de livres, tandis que 65.000 à 75.000 emplois se retrouvent sur la sellette.

En revanche, si Londres conserve l'accès à l'Espace économique européen (EEE) dans des conditions identiques à ce qu'elles sont actuellement, les pertes d'emplois pourraient se limiter à 4.000 et le manque à gagner à 2 milliards de livres.

Selon certaines sources, cite encore l'agence Reuters, le rapport aurait été transmis au Trésor et à d'autres ministères.

(Avec Reuters)

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>>LIRE / TELECHARGER le rapport du cabinet Olivier Wyman (en Pdf):