Bouygues Telecom racheté par Drahi ? Une "catastrophe" pour les syndicats

Par latribune.fr  |   |  467  mots
Patrick Drahi, propriétaire de Numericable-SFR, aurait offert de racheter Bouygues Telecom pour 10 milliards d'euros environ, selon le JDD.
Les syndicalistes invoquent des doublons dans les directions réseaux, les directions informatiques, les directions supports.

Le projet de rachat de Bouygues Telecom par le propriétaire de Numericable-SFR, Patrick Drahi, représenterait une "catastrophe pour l'emploi", selon les syndicats contactés dimanche par l'AFP. L'offre de 10 milliards d'euros qu'aurait formulée M. Drahi, selon les informations du Journal du Dimanche, a été accueillie sans surprise mais avec beaucoup de scepticisme du côté de SFR. Il y avait "des rumeurs" qui circulaient à ce propos mais "pas d'information" communiquée aux syndicats, selon la CGT.

"Le calendrier, si l'offre venait à être acceptée, pourrait correspondre à la fin des garanties du maintien de l'emploi en 2017" prévues chez SFR dans le cadre de la fusion avec Numericable, a poursuivi Fabrice Pradas, délégué central de l'Unsa, premier syndicat chez l'opérateur. "Depuis le rachat par Numericable, nous avions en tête ce scénario", reconnaît-il. Si celui "venait à se confirmer, ce serait une catastrophe pour l'emploi au regard des doublons en interne et dans la filiale telecom", conclut M. Pradas.

Invité du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a dit lui aussi craindre "une catastrophe sociale" en cas de rachat de Bouygues Telecom par Numericable-SFR, estimant qu'il s'agissait d'une "vraie opération financière sans stratégie industrielle".

Même constat chez Bouygues Telecom : le rachat, qui était "attendu même si la direction nous disait tout le contraire", "va être une catastrophe socialement, parce qu'il y a des doublons partout : on aura deux directions réseaux, deux directions informatiques, deux directions supports", a réagi pour l'AFP Azzam Ahdab (CFDT). En cas de rachat, "on va demander et insister pour avoir des garanties par écrit sur le maintien de l'emploi", poursuit le délégué central CFDT, troisième syndicat. "Autrement, il faut s'attendre à un mouvement social d'ampleur" conjointement avec les salariés de SFR, prévient-il.

Pour le syndicaliste, le projet de M. Drahi est "économiquement très dangereux", parce l'homme d'affaires franco-israélien "n'est pas endetté, il est surendetté". Selon le JDD, le patron de Numericable-SFR aurait obtenu "un nouvel emprunt auprès de BNP Paribas" et paierait son acquisition "en cash". "S'il s'agit d'emprunter de l'argent pour casser des emplois, au détriment des consommateurs aussi, ce n'est pas sérieux et c'est irresponsable comme attitude. Les pouvoirs publics doivent intervenir et ne doivent pas laisser faire", poursuit M. Ahdab.

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a fait savoir dimanche, dans une déclaration à l'AFP, que "la consolidation n'est pas aujourd'hui souhaitable pour le secteur", notamment au regard de l'emploi. Sceptique, le délégué CFDT affirme qu'il faut désormais "produire ça dans les actes". D'après M. Ahdab, le groupe Bouygues Telecom emploie actuellement 6.300 salariés, auxquels s'ajoutent quelque 2.000 collaborateurs en comptant les boutiques (AFP).