COP21, ce qu'il faut savoir pour comprendre les enjeux

Par latribune.fr  |   |  1052  mots
Plus grande conférence climatique jamais organisée, la COP 21 débutera lundi sous très haute sécurité.

Plus grande conférence climatique jamais organisée, la COP 21 débutera lundi sous très haute sécurité, deux semaines après les attentats jihadistes qui ont endeuillé la France (130 morts), et en raison de la présence de 150 chefs d'Etat ou de gouvernement.

 François Hollande, Barack Obama, le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre indien Narendra Modi ou encore Vladimir Poutine doivent prendre la parole lundi.

Environ 40.000 personnes, dont 10.000 délégués, sont attendues chaque jour. Un défi sécuritaire pour les organisateurs. Protégés par 2.800 policiers et gendarmes, les participants à la conférence tenteront de sceller un accord mondial pour limiter à 2 degrés la hausse du thermomètre par rapport à l'ère pré-industrielle.

Faute de quoi, les climatologues prédisent l'aggravation de phénomènes déjà visibles, comme la fonte des glaciers, la disparition d'espèces, l'intensification des épisodes météorologiques extrêmes...

Paris sous haute surveillance

Paris est également placée sous haute surveillance, avec la mobilisation de 6.300 policiers et militaires. La circulation sera interdite ou restreinte sur plusieurs axes et les habitants ont été appelés à rester chez eux, par crainte d'une trop grande affluence dans les transports publics.

Les travaux de la COP21 commenceront cependant dès dimanche, son président, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, ayant convoqué une assemblée plénière pour définir la feuille de route des négociateurs avant l'ouverture officielle.

"Les conditions sont réunies pour un succès mais il n'est pas encore acquis", a déclaré Laurent Fabius, qui s'est félicité que 183 pays, représentant 95% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, aient fait des promesses chiffrées de réduction de leurs émissions.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "appelé les dirigeants du monde à trouver un terrain d'entente", soulignant qu'"il n'y a jamais d'accord parfait".

Avant de s'envoler samedi soir pour la France, le président bolivien Evo Morales, critique acerbe de l'économie néolibérale, a plaidé à Santa Cruz, dans l'est de la Bolivie, pour la création d'un "tribunal sur le changement climatique pour que les pays qui ne respectent pas (les objectifs mondiaux) soient jugés".

Voici les clés pour comprendre les enjeux :

A comme Adaptation et Atténuation: les deux piliers de la lutte contre le réchauffement climatique. L'atténuation consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Modifier habitats, infrastructures, systèmes de santé, modes de production agricoles sont les principales actions d'adaptation.

B comme Blocs de négociation: reposant sur une logique géographique ou politique. Exemples: le groupe Afrique (54 nations), l'Alliance bolivarienne (Alba, neuf pays), le G77 + la Chine (133 pays en développement + Pékin), l'Union européenne (28 membres), les Pays les moins avancés (48 pays).

C comme Consensus: il n'y a pas de vote lors des conférences sur le climat. Un consensus est recherché entre 195 pays. Un pays seul aura du mal à s'opposer à un accord, sauf s'il est très important ou s'il en entraîne d'autres.

D comme déforestation: la déforestation et l'agriculture représentent environ un quart des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Agir dans ces domaines est indispensable. Le reste des émissions est causée par les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) dont il faut se détourner au profit des renouvelables et de l'efficacité énergétique.

F comme Financement: un des sujets clé des discussions, qui donnera lieu à un bras de fer jusqu'à la fin de la COP21, le Sud ayant de fortes attentes vis-à-vis du Nord, qui voudrait voir les émergents les plus riches également contribuer.

G comme GES: les gaz à effet de serre (CO2, méthane et protoxyde d'azote), à l'origine du réchauffement, ont atteint une concentration inégalée depuis 800.000 ans.

I comme Iles: les petites îles sont menacées par la hausse du niveau des mers, un des marqueurs les plus visibles du réchauffement. Elles sont regroupées au sein de l'Alliance des Etats insulaires.

K comme Kyoto: le protocole de Kyoto, conclu en 1997 et entré en vigueur en 2005, est le premier accord international contre le réchauffement. Il imposait aux pays riches des objectifs contraignants (les Etats-Unis ne l'ont pas ratifié), mais il n'a pas permis de contenir l'explosion des émissions du fait du fort développement de la Chine, de l'Inde, du Brésil, etc.

M comme MRV: mesurer, notifier et vérifier (monitoring, reporting, verifying en anglais). C'est le processus à définir à la COP pour garantir la transparence et la vérification des actions mises en oeuvre par les pays.

N comme Négociations: les négociations sur le climat sont un processus continu ayant débuté en 1995, rythmé chaque année par des COP (conférences des parties), celle de Paris devant se conclure par un accord mondial. Les COP suivantes permettront de rendre compte des progrès accomplis, de décider de mécanismes pour progresser vers les objectifs fixés.

O comme ONG: de nombreuses ONG ont, contrairement à la presse, un statut d'observateur qui leur permet d'assister à des débats à huis clos entre les négociateurs.

P comme Pékin: Pékin a en mains une partie de l'avenir climatique de la planète. La Chine est le premier producteur de GES (25%), devant les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Inde mais aussi le premier investisseur dans les énergies renouvelables et a un rôle moteur pour les pays émergents et en voie de développement.

R comme Responsabilité: le principe d'un "responsabilité commune mais différenciée" des pays est inscrit dans la Convention de l'Onu sur le climat. Il renvoie à la responsabilité historique des pays développés dans le réchauffement et à la capacité d'action des pays en fonction de leur niveau de développement. Son interprétation donne lieu à des débats sans fin.

T comme Transferts de technologie: ce sera l'un des chapitres du futur accord, ces transferts étant nécessaires pour optimiser l'action des pays en voie de développement en faveur du climat.

Z comme Zéro émission de GES: c'est l'objectif pour la fin du 21e siècle, avec une baisse de 40 à 70% en 2050 par rapport à 2010, pour tenir le scénario de +2°C.

(AFP)