Le contrat suisse du Gripen soupçonné d'irrégularités

Par Michel Cabirol  |   |  370  mots
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La presse helvétique évoque des manipulations et des irrégularités sur l'avion de combat choisi par Berne.

Et si le Gripen était grippé en Suisse. Comme dans beaucoup de dossiers concernant la vente à l'international de l'avion de combat suédois, des soupçons de manipulations et d'irrégularités lors de l'appel d'offres portant sur l'acquisition de 22 appareils (3,1 milliards de francs suisses) sont évoqués actuellement dans la presse helvétique, qui a de façon ironique surnommé le Gripen "l'avion-Ikea".

Selon le quotidien "Le Temps" ? d'autres journaux et parlementaires ont été alimentés par un "corbeau très bien informé" ?, Berne va enquêter sur "les conditions dans lesquelles le choix du Conseil fédéral s'est porté sur le Gripen de Saab, au détriment de l'Eurofighter d'EADS ou du Rafale de Dassault". En ligne de mire, le directeur de projet du dossier ainsi que le chef du Département fédéral de la défense, Ueli Maurer, qui "aurait fait part de sa préférence" pour le Gripen après avoir "directement" reçu une offre fournie par les constructeurs suédois. Selon le "corbeau", le Gripen aurait été jugé "insatisfaisant en vol lors des évaluations de 2008 et 2009". Le constructeur suédois "avait proposé des améliorations qui ne figurent que sur le papier, poursuit le journal. Les évaluateurs avaient appliqué des facteurs de pondération liés aux risques technologiques non mesurés. Le directeur du projet aurait ordonné de supprimer ces facteurs de pondération, ramenant le Gripen dans les minima". Autre accusation, les Forces aériennes auraient voulu tester les performances, l'endurance des appareils avant d'en fixer le nombre. "Avec 15 Rafale ou Eurofighter, on aurait ainsi rempli les missions de 24 Gripen, économisant des ressources en personnel et en entretien. Cette façon de procéder leur aurait été refusée", explique "Le Temps".

Ce n'est pas la première fois que le Gripen est rattrapé par des affaires. Au début des années 2000, des soupçons de corruption ont plané en Tchéquie après la commande avortée de 24 appareils et en Afrique du Sud (26 appareils). Enfin, le Gripen devra aussi convaincre les Suisses. Le prochain scrutin (votation) sur l'achat des 22 avions de combat pourrait se dérouler à l'automne 2013. Ueli Maurer espère encore échapper à une votation.