Brésil : encore une bonne nouvelle pour le Rafale

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  649  mots
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Le Brésil va "très probablement" choisir le Rafale pour équiper son armée de l'air en avions de chasse, a-t-on appris de sources gouvernementales, ce qui, après l'Inde, constituerait un deuxième succès de taille à l'exportation pour un appareil qui, auparavant, n'avait jamais trouvé preneur à l'étranger. Une bonne nouvelle pour l'avionneur français après le succès du contrat indien et le rapport de l'armée suisse en faveur du Rafale.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff, dont les réticences ont été levées par la décision de l'Inde d'entrer en négociations exclusives avec l'avionneur français Dassault Aviation pour acheter des Rafale, ne devrait pas annoncer sa décision avant l'élection présidentielle du 22 avril et du 6 mai en France afin de ne pas laisser cette question être détournée à des fins politiques.

Dilma Rousseff et ses principaux conseillers sont convaincus que l'offre de Dassault Aviation de vendre au moins 36 Rafale est meilleure que celles de ses deux concurrents, Boeing avec son F-18 et Saab avec le Gripen, ont déclaré ces sources à Reuters sous le sceau de l'anonymat.

Boeing a cependant déclaré être toujours dans la course.

"Je pense qu'il y a un peu des va-et-vient en ce moment mais les négociations sont toujours d'actualité", a déclaré Jeff Koher, vice-président de la division business développement de Boeing, en marge du salon aéronautique à Singapour.

"Nous donnons le meilleur de nous même et je suis sûr que les autres compagnies font la même chose."

Dilma Rousseff considère ce contrat comme un grand tournant qui va façonner les alliances stratégiques et militaires du Brésil pour les prochaines décennies dans un contexte où son pays est entrain de prendre une place parmi les leaders de l'économie mondiale.

AU MOINS TROIS MILLIARDS D'EUROS

La valeur initiale du contrat est estimée à quatre milliards de dollars (environ trois milliards d'euros) mais elle devrait être largement supérieure dès lors qu'auront été notamment inclus les frais de maintenance.

Dilma Rousseff manifestait auparavant des réticences à l'égard du Rafale car l'appareil n'a pas trouvé preneur en dehors de la France. Ces inquiétudes ont été levées fin janvier lorsque l'Inde a annoncé qu'elle entrait en négociations exclusives avec Dassault Aviation pour acquérir 126 Rafale.

Le ministre brésilien de la Défense, Celso Amorim, s'est rendu à New Delhi la semaine dernière pour discuter de la teneur de cet accord avec des responsables indiens et examiner des documents.

"L'accord avec l'Inde a tout changé", a dit l'une de ces sources brésiliennes. "Avec la décision de l'Inde, le Rafale sera très probablement le vainqueur ici."

Selon ces sources, Dassault propose la meilleure combinaison avec un appareil de grande qualité et un transfert de technologie jugé essentiel par Celso Amorim. Le Brésil espère utiliser cette technologie pour développer sa propre industrie de défense emmenée par l'avionneur Embraer.

Dassault commercialise l'avion Rafale comme un avion agile, de taille moyenne, avec de faibles coûts d'utilisation et qui peut être déployé plus rapidement que ses plus volumineux concurrents.

Ces caractéristiques pourraient plaire au Brésil qui ne connaît pas de problèmes particuliers avec ses voisins et qui envisage d'utiliser cet avion principalement dans un but défensif, notamment pour patrouiller au-dessus de ses champs de pétrole off-shore récemment découverts.

L'offre de Boeing serait déjà finalisée mais selon des sources le constructeur américain ne devrait pas être en mesure de faire concurrence à Dassault car les Etats-Unis ont traditionnellement pratiqué des restrictions sur les ventes de technologies militaires à l'étranger.

Si cet achat est confirmé il permettra à la France de mettre en valeur ses deux partenariats avec l'Inde et le Brésil, deux pays qui compteront parmi les puissances économiques de demain.

Selon ces mêmes sources, des événements imprévus peuvent encore infléchir la position de Dilma Rousseff, notamment un échec des négociations entre Dassault et l'Inde.

Le prédécesseur de Dilma Rousseff à la présidence, Luis Inacio Lula da Silva, avait déclaré en 2009 que le Brésil choisirait le Rafale mais il avait quitté le pouvoir sans entériner cette décision.