Quel avenir pour l'avion Skylander après le désengagement de l'Etat français ?

Par latribune.fr  |   |  507  mots
Reuters
L'Etat s'est désengagé financièrement à la suite d'un audit faisant état d'un besoin de financement de 200 millions d'euros jusqu'aux premières livraisons, contre 120 millions prévus.

Le programme aéronautique Skylander de la société française d'ingéniérie Geci International verra t-il le jour ? Ce projet de construire un appareil régional à hélices, capable de se poser sur des pistes difficiles, a un sacré coup dans l'aile depuis le désengagement vendredi de l'Etat après la publication d'un audit réalisé par des experts, faisant apparaître des besoins de financements autrement plus importants que ceux qui avaient été prévus dans un protocole annoncé le 1er février dernier. Selon cet audit en effet, ce programme nécessite une enveloppe de 200 millions d'euros jusqu'aux premières livraisons, quand l'Etat, la région Lorraine et des investisseurs privés s'étaient engagés sur la base d'une dépense maximum de 120 millions. Résultat, ce protocole est caduc, au grand dam de Geci International qui considère l'estimation des experts "excessive".

La Lorraine n'abandonne pas le projet

La direction n'entend pas pour autant renoncer au programme. Elle va rechercher à se passer de capitaux publics "avec, en particulier, le recours à des investisseurs privés de long terme et le possible adossement à des industriels". Le 21 mars, Geci avait déjà annoncé son intention de procéder à une prochaine augmentation de capital pour financer programme Skylander. La Lorraine "n'abandonne pas" le projet aéronautique Skylander de la société d'ingénierie Geci International malgré le désengagement de l'Etat, a affirmé ce lundi le président du Conseil régional Jean-Paul Masseret à Metz. "L'audit fait état d'une différence de 20, 30 ou 40 millions d'euros? Cela n'est pas à la hauteur du débat. On parle d'un chiffre d'affaires de plusieurs milliards, des centaines d'emplois", a-t-il poursuivi.  Quant à Serge Bitboul, le PDG de Geci International, il a déclaré être " extrêmement serein sur la finalisation du bouclage financier du Skylander".

Dans leur audit, les experts doutent aussi de potentiel du marché que vise le Skylander. Ils tablent sur 1.000 appareils et préconisent des remises commerciales quand Geci International vise toujours une production de "1.500 avions, et un objectif de prix de vente catalogue de 6,7 millions de dollars par avion.

Polémique autour d'une grosse commande russe

Il s'agit d'un coup très dur pour Geci International après la mauvaise publicité qui avait suivi l'annonce, fin janvier, d'un protocole d'accord avec une société russe Aviamost portant sur 40 avions Skylander et une option pour 260 autres. Un contrat évalué à 2 milliards de dollars. Dans un article intitulé "Intox française gonflée à deux milliards d'euros", le quotidien en ligne Gazeta.ru avait alors indiqué n'avoir pas pu identifier la société Aviamost et que des experts russes soupçonnaient une spéculation boursière. Le titre de Geci avait bondi au point de suspendre la cotation à la Bourse de Paris. Serge Bitboul avait assuré à l'AFP n'avoir "aucun doute" sur l'existence et la solidité de la société russe Aviamost. Début février, le directeur de cette société avait indiqué à l'AFP qu'il n'avait pas encore les financements et qu'il comptait résoudre cette question en mars.