Le choix du Gripen continue à semer la zizanie en Suisse

Par Michel Cabirol  |   |  576  mots
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L'avion de combat suédois provoque un débat sans précédent dans le pays. Le président du parti libéral-radical suisse demande au conseil fédéral "de renoncer au Gripen" et de relancer le Rafale (Dassault Aviation) et l'Eurofighter (EADS, BAE Systems et l'italien Finmeccanica).

Décidément, le choix suisse de l?avion de combat suédois Gripen, défendu bec et ongle par le conseiller fédéral en charge de la défense, Ueli Maurer, reste un sujet à polémiques. Et tourne même au pugilat politique. Le président du parti libéral-radical suisse, Philipp Müller, estime qu?il faudrait "réfléchir à renoncer au Gripen", a-t-il déclaré dans le journal dominical suisse "Sonntag". "Militairement, l?appareil est contesté", a-t-il rappelé. A la place, il souhaite relancer l?Eurofighter (EADS, BAE Systems et l'italien Finmeccanica) ou le Rafale de Dassault Aviation.

Pour Philipp Müller, autant profiter de cette acquisition pour régler des problèmes avec nos voisins. Les Allemands seraient peut-être prêts à un « deal » sur la question des nuisances sonores de l?aéroport de Zurich si la Suisse choisit l?Eurofighter. Le Rafale, préféré par une majorité de hauts gradés de l?armée suisse, permettrait d?aborder l?accord de double imposition avec les Français. Selon le « Sonntag », les deux conseillers fédéraux libéraux-radicaux Didier Burckhalter et Johann Schneider-Ammann seraient disposés à soutenir cette stratégie. Ambiance.

Un Gripen incapable de protéger l'espace aérien suisse

Mi-mai, le quotidien "Le Matin" révélait à l?issue des premiers tests réalisés entre le 2 et 4 mai e Suède, que sur les 98 améliorations exigées par la Suisse, seules sept avaient pu être installées sur le prototype du futur Gripen, le Gripen F Demonstrator, lors de ces essais. Le quotidien de langue française estimait que "l?avion pourrait ne pas être livré avant 2023 et ses faiblesses resteront telles qu?elles remettent en question les procédures pour protéger l?espace aérien" suisse. Ce qui a d'ailleurs provoqué une chasse aux fuites dans la presse, la commission de la politique de sécurité nationale a déposé une plainte contre X pour violation du secret en fonction.

Ces informations ont été démenties dans la foulée par Ueli Maurer, qui a une nouvelle fois défendu le Gripen "le meilleur avion pour la Suisse", dans une interview? au "Matin". Il a également estimé que la procédure était "close" quand bien même de nouvelles offres d?autres avionneurs arriveraient sur son bureau. "Ce n?est plus le moment", a-t-il averti. Et de se lancer dans un plaidoyer quelque peu ambigu sur le Gripen. "Je n?ai pas d?autres possibilités que le Gripen. Parce que je n?ai pas davantage d?argent. Et de plus, je suis persuadé que le Gripen est un bon avion. Il présente le meilleur rapport coût-performance".

Un achat de vélos par l'armée dans la tourmente

En attendant les conclusions de la sous-commission qui enquête sur la procédure ayant abouti au choix du Gripen, Ueli Maurer maintient le calendrier de projet d?acquisition de l?appareil suédois, qui sera présenté cet automne au Conseil fédéral, puis sera examiné par les deux chambres. La votation populaire, un référendum demandé par des citoyens et organisations suisses, est programmée dans le courant de la première moitié de 2014, selon "Le Matin". Et dire qu?Armasuisse, la Direction générale de l?armement suisse, est également dans la tourmente? pour l?achat de 2.800 vélos à Simpel, qui provoque remous et plaintes.