Le Boeing 787 est-il allé trop loin dans les innovations technologiques ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  486  mots
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Alors que les Etats-Unis, le Chili, l'Inde, l'europe ont, comme les compagnies japonaises mercredi, cloué au sol le B787, les questions, aujourd'hui sans réponse, se multiplient sur cet appareil : Boeing est-il allé trop loin dans les innovations technologiques et le recours à la sous-traitance ?

Fuites de carburant, début d'incendie, problème au niveau des freins, et maintenant fumée suspecte à cause, peut être, d'un problème de batteries (au lithium) qui alimentent les moteurs auxiliaires de puissance, l'APU : le Boeing B787 est sous pression. La décision des Etats-Unis mais aussi du Chili et de l'inde de clouer au sol tous les B787 en service comme l'avaient fait les deux compagnies japonaises JAL et ANA la veille discrédite totalement cet appareil qui s'est vendu comme des petits pains depuis son lancement commercial en 2004 (plus de 800 commandes). Les inquiétudes du ministre japonais des Transports, Akihiro Ota, craignant que l'incident, qualifié de "sérieux", n'entraîne un "grave accident", n'ont fait qu'enfoncer le clou. Un coup dur qui intervient quelques jours après le lancement d'une enquête sur le B787 par les autorités de l'aviation civile américaine (FAA). Ce mercredi à 15 heures, GMT, l'action du groupe aéronautique et de défense américain a reculé mercredi de 3,47% à la Bourse de New York. 

Boeing est-il allé trop loin? 

Boeing est-il allé trop loin dans le saut technologique ? Les matériaux composites sont utilisés à hauteur de 50 % contre 11 % par exemple pour le B777, le précédent programme, lancé en 1992. Et le Dreamliner fait appel à forte dose aux systèmes électriques (à la place des systèmes hydrauliques) avec une très forte puissance électrique à la clé. Est-il allé trop loin dans l'externalisation de la production en confiant à une multitude de sous-traitants la fabrication de parties de l'appareil pour se concentrer sur le design, la vente et l'assemblage de l'avion? Près de 70 % du programme a été confié à des partenaires à risques, conrtre 30 % par exemple pour l'A380. Quant à ces fameuses batteries lithium fournies par la société japonaise GS Yuasa) surveillées de très près aujourd'hui après les incidents de Boston et de ce mercredi, apportent-elles toutes les garanties nécessaires ? Ces questions se posent fortement. Mais il est évidemment impossible d'y répondre aujourd'hui dans la mesure où aucune conclusion ne peut être tirée à ce jour.

L'Inde annonce une inspection de sécurité

Jusqu'ici, les compagnies aériennes maintiennent leurs commandes d'avions. Malgré cette série noire, le PDG d'ANA, Shinichiro Ito, a réaffirmé mercredi sa confiance dans l'appareil sur lequel la compagnie a assis sa stratégie. La compagnie polonaise LOT, première en Europe à exploiter depuis novembre ces appareils, a indiqué maintenir sa commande de huit Dreamliner.

Qantas a également décidé de maintenir sa commande de 15 Dreamliner pour sa filiale Jetstar, tout comme Singapore Airlines (20 appareils), Ethiopian Airlines, Air Europa, Norwegian ou British Airways. Une situation qui pourrait évoluer en cas d'autres incidents ou de découverte d'un problème par les enquêteurs. Les autorités du transport aérien en Inde ont en revanche annoncé une inspection de sécurité du Dreamliner "en consultation avec Boeing et Air India".