Airbus : l'avion électrique E-Fan s'envole... en silence

Par latribune.fr  |   |  618  mots
Le E-Fan mesure 6,7 mètres de long et 9,5 mètres d'envergure et a une autonomie de batteries d'une heure. (Photo : Reuters)
L'appareil, qui avait été présenté par Airbus Group au Salon de Bourget en 2013, a réalisé vendredi son premier vol officiel. Une demonstration de dix minutes saluée comme un miracle par Arnaud Montebourg, pour la quasi-absence de bruit produit par l'avion.

Il est mû par des batteries et ne fait pas de bruit. Un vélo ? Non, un avion : l'E-Fan d'Airbus group, qui a réalisé vendredi son premier vol officiel.

De quoi époustoufler même le ministre de l'Economie et du Redressement productif, Arnaud Montebourg ,qui, après le vol de démonstration du petit appareil bi-place à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, s'est exclamé :

"C'est le miracle d'un avion qui fait le bruit d'un sèche-cheveux domestique et ne consomme pas un goutte de kérosène !".

Une révolution "qui va changer le monde de l'aéronautique, et des riverains des aéroports", selon le ministre.

C'est "refranchir le mur du son, en réalité le mur du bruit, par l'accès au silence", a-t-il ajouté, en citant le patron d'Airbus Tom Enders.

Le premier vol "officiel" a duré près de dix minutes, mais l'E-fan avait déjà cumulé une quinzaine d'heures d'essais privés depuis mars.

Première étape : l'avion-école

Développé par Airbus Group en partenariat avec la société Aero Composites Saintonge (ACS) et la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), l'E-Fan avait été dévoilé au Salon aéronautique du Bourget en 2013. Long 6,7 mètres et large 9,5 mètres, il a une autonomie de batteries (au lithium-ion-polymère) d'une heure maximum. D'ici fin 2017, il sera produit en série, dans une future usine d'assemblage à Mérignac, ce qui impliquera à court terme la création de 350 emplois indirects locaux.

Avion-école, l'appareil vise en effet un marché mondial en devenir, en sachant que 650.000 nouveaux pilotes professionnels devront être formés dans le monde sur les prochaines 20 années.  21.000 avions-écoles seront ainsi requis par les écoles de pilotage, a rappelé Arnaud Montebourg à Mérignac.

La production en série portera sur deux modèles différents de celui qui a volé vendredi (l'E-Fan 1, avec deux sièges en tandem) : l'E-Fan 2, doté de deux sièges côte à côte, et l'E-Fan 4, doté de quatre sièges, et à l'autonomie programmée de plus de 3 heures. Une étude de marché d'Airbus Group vise un scénario "tout à fait réaliste" de fabrication de 40 à 80 avions électriques par an.

L'objectif : des avions gros porteurs

Toutefois, a souligné Arnaud Montebourg, l'E-Fan n'est que "la première étape" dans la production de "générations successives d'avions électriques de tailles croissantes, jusqu'à la finalité de construire des avions gros porteurs tout électriques dans les 20 prochaines années".

Pour le pilote Didier Esteyne d'ACS, en effet, on fait voler un E-Fan "exactement comme un autre avion" : les capacités de réaction, donc de sécurité, sont "totalement identiques".

"La différence, c'est un peu comme avec une voiture électrique : si on la conduit comme une voiture thermique classique, (...) l'autonomie va chuter considérablement, mais si on la conduit de manière adaptée, on va augmenter l'autonomie, ou en profiter au maximum. C'est la même chose avec cet avion", a-t-il décrit.

Une réalisation concrète de la transition écologique et énergétique

L'E-Fan est l'un des 34 projets de "La nouvelle France industrielle" lancés en 2013 par Arnaud Montebourg afin de doper l'industrie et l'innovation dans les dix ans à venir, dans de multiples secteurs.

Mais le projet plaît également à la ministre de l'Environnement, du Développement durable et de l'Energie, Ségolène Royal, pour qui l'avion, qui "préfigure une aviation silencieuse et exempte de toute émission polluante", est "une réalisation concrète de la transition écologique et énergétique"qu'elle s'est egagée à accélérer.

Selon la ministre, "pour une mission identique d'une heure, il ne consomme que 2 euros d'électricité, contre 36 à 40 euros de carburant pour un avion à moteur".