Industrie de la défense : Berlin appelle à renforcer l'intégration européenne

Par latribune.fr  |   |  434  mots
"Les perspectives (de l'industrie allemande de la défense) ne dépendent pas seulement de l'export, et certainement pas de l'export vers la péninsule arabique", estime le ministre de l'Économie allemand Sigmar Gabriel.
À l'occasion d'une rencontre avec les dirigeants d'une vingtaine de sociétés d'armement, le ministre allemand de l'Economie a appelé à compenser un encadrement plus strict des exportations d'armes par une consolidation du secteur, notamment sous la forme de partenariats européens.

"Cela n'a pas de sens pour l'Europe d'avoir différentes entreprises qui fabriquent les mêmes systèmes d'armement."

C'est l'appel à la consolidation de l'industrie de la défense sous la forme de partenariats européens lancé mardi par le ministre allemand de l'Économie, Sigmar Gabriel, après avoir rencontré les dirigeants des comités d'entreprise d'une vingtaine de sociétés d'armement.

"Les considérations sur l'emploi ne doivent pas jouer un rôle déterminant"

Critiqué dans les milieux de l'industrie de l'armement pour avoir imposé des restrictions aux exportations d'armes de l'Allemagne, le chef des sociaux-démocrates d'outre-Rhin a par ailleurs confirmé son intention d'encadrer très strictement les ventes de ces biens à l'étranger, même si cela doit menacer l'emploi:

"Les considérations sur l'emploi ne doivent pas jouer un rôle déterminant" dans les décisions prises par le gouvernement, et spécifiquement par son ministère, d'autoriser ou interdire au cas par cas les exportations d'armes, a-t-il affirmé.

Sigmar Gabriel ne veut "pas de nouveau débat, pas de nouvelles directives, pas de tables rondes ou de clarification" sur ce sujet. À son sens, le respect à la lettre des dispositions très restrictives en vigueur depuis 2000, mais jusqu'à présent appliquées selon lui de manière trop laxiste - notamment par le gouvernement précédent d'Angela Merkel, dont il n'était pas membre - devrait suffire.

"Les perspectives ne dépendent pas seulement de l'export"

Le ministre a toutefois tenté de rassurer:

"Les perspectives (de l'industrie allemande de la défense) ne dépendent pas seulement de l'export, et certainement pas de l'export vers la péninsule arabique."

La consolidation et le renforcement de l'intégration européenne devrait justement contribuer à compenser l'éventuel manque à gagner, ainsi que l'autre volet de ce que le secteur "aurait dû faire depuis 15 ans", à savoir se pencher sur les potentiels de migration de sa production vers le domaine civil.

5,8 milliards d'euros d'exportations d'armement en 2013

Les enjeux sont toutefois importants. En 2013, le gouvernement précédent d'Angela Merkel a autorisé 5,8 milliards d'euros d'exportations d'armement, dont 62% dans des pays hors de l'Otan, notamment vers l'Algérie, le Qatar et l'Arabie-Saoudite. Une décision concernant de possibles livraisons de matériel militaire aux Kurdes d'Irak doit être prise cette semaine.

La loi allemande interdit en effet les exportations d'armes vers les pays dits tiers, c'est-à-dire hors Union européenne, partenaires de l'Otan et pays assimilés, mais ouvre des possibilités d'exemption au cas par cas.

Sigmar Gabriel doit rencontrer début septembre les dirigeants et les syndicats du secteur.