Crash d'un F-16 grec en Espagne, neuf militaires français tués

Par M.C. avec agences  |   |  1336  mots
Dix morts dont huit Français dans le crash d'un F-16 des Forces aériennes grecques à Albacete en Espagne lors d'un exercice international organisé par l'OTAN
Lors d'un exercice international organisé par l'OTAN à Albacete en Espagne, un F-16 des Forces aériennes grecques s'est écrasé sur le tarmac de la base de Los Llanos. Un crash qui a provoqué la mort de 11 personnes, dont neuf Français, selon le Premier ministre espagnol.

Le crash au décollage d'un avion biplace de combat grec de type F-16, lundi vers 15h30 dans le sud-est de l'Espagne, a fait dix morts et 13 blessés, selon un porte-parole du ministère de la Défense espagnol. "Pour le moment nous avons dix personnes mortes et 13 blessées", a-t-il annoncé dans un premier bilan. Finalement neuf Français et les deux pilotes grecs du F-16, tous deux capitaines. Ils ont été tués lorsque l'appareil qui participait à un exercice de l'OTAN s'est écrasé au décollage en Espagne, a pour sa part déclaré un peu plus tard le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.

"Il semble que deux des personnes qui sont mortes sont de nationalité grecque et que les huit autres sont Français", a déclaré Mariano Rajoy, qui a été tenu informé de la situation par son ministre de la Défense.

Le F-16 grec s'est apparemment écrasé sur le tarmac, heurtant d'autre aéronefs et tuant d'autres personnes qui s'y trouvaient. Au moment du décollage, l'avion "a perdu de sa puissance et s'est écrasé sur l'aire de stationnement", heurtant cinq appareils qui s'y trouvaient, selon le ministère de la Défense espagnol. Lundi après-midi des chaînes de télévision espagnoles ont diffusé quelques secondes d'images où on aperçoit un avion en feu, d'où s'échappent d'importantes volutes de fumée noire. Le ministère a ajouté que les pompiers ont mis une heure à éteindre l'incendie causé par ce crash avant de pouvoir déterminer le nombre de victimes.

Le crash du F-16 sur cinq autres avions de combat (deux AMX italiens, deux Alfa Jet français, un Mirage 2000 français) a provoqué un violent incendie et dégagé une substance très toxique, l'hydrazine, a expliqué sur place le capitaine Jose Guerreira de l'armée de l'air. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l'accident. La présence de l'hydrazine, un carburant pour le moteur auxiliaire du F-16, empêche que les corps des victimes puissent pour l'instant être retirés, a ajouté le capitaine Guerreira. Il a ajouté ne pas croire que les corps des victimes puissent être récupérés dans la journée.

Une enquête ouverte à Paris

Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur les causes de l'accident du F-16 qui a tué onze militaires sur une base du sud-est de l'Espagne, et des gendarmes français devaient se rendre sur place mardi, a-t-on appris de source judiciaire. Même si les faits ont eu lieu à l'étranger, l'ouverture d'une enquête en France est une procédure classique lorsque des nationaux comptent parmi les victimes. En Espagne, une enquête a également été ouverte et confiée à un juge de Valence avec la garde civile. Une commission d'enquête technique est aussi à l'œuvre.

A Paris, le parquet a saisi la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) d'une enquête pour homicides et blessures involontaires, a indiqué à l'AFP une source judiciaire. Des officiers de police judiciaire de la section de recherches de la gendarmerie de l'air et des militaires de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie) devaient se rendre sur place mardi, dans le cadre d'une demande d'entraide pénale internationale transmise aux autorités judiciaires espagnoles, a précisé cette source.

"Un drame d'une rare violence"

Dans un second communiqué publié dans la soirée de lundi vers 22h34, le ministère de la Défense français, qui fait état d'un "drame d'une rare violence", a annoncé que "selon les premiers éléments fournis par les autorités espagnoles, nous déplorons la mort de huit Français. Un blessé est en situation d'extrême urgence. Cinq autres sont en réanimation dont deux placés en coma artificiel. Trois autres blessés légers sont en sortie d'hôpital". Les morts incluent trois capitaines et un lieutenant. Puis un neuvième militaire français est mort mardi des suites de ses blessures, au lendemain de l'accident d'un F-16 grec qui s'est écrasé.

Dans un premier communiqué vers 20h20, le ministère avait indiqué "dans l'état actuel des informations dont nous disposons, nous déplorons un mort et dénombrons cinq blessés graves". Le F16 des Forces aériennes grecques s'est écrasé sur un des parkings de la base où étaient stationnés des avions de chasse de plusieurs nationalités, dont deux Alpha Jet, deux Mirage 2000D et deux Rafale français. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, se rendra sur les lieux du drame mardi après-midi.

21 blessés au moins, dont 10 Français

La présidence française a confirmé le décès de ses ressortissants vers 22h30 (21h30 GMT). "C'est avec une très grande émotion que le président de la République a appris la mort de huit aviateurs suite à un accident causé par la chute d'un avion de combat F-16 peu après le décollage de la base d'Albacete", a indiqué l'Elysée dans un communiqué. La présidence française précise que "cet accident a causé par ailleurs de graves blessures par brûlures à six personnels mécaniciens, selon le bilan actuel présenté par les autorités espagnoles".

Lundi soir, le président du gouvernement espagnol avait fait état de "nombreux blessés, 10 Français et 11 Italiens", dont cinq souffrent de graves brûlures et ont été transférés vers un service spécialisé à Madrid, selon le ministère de la Défense espagnol. Un peu plus tôt, le porte-parole du ministère de la Défense espagnol précisait que parmi les personnes blessées lors de cet accident survenu sur la base de Los Llanos dans la province d'Albacete (sud-est) sept sont très grièvement touchées. Cinq autres se trouvaient lundi vers 18h00 GMT dans un état grave tandis qu'une a déjà pu quitter l'établissement où elle était soignée, a indiqué le porte-parole, qui n'était pas en mesure de préciser la nationalité des victimes.

Un exercice de l'OTAN

L'avion de combat de la force aérienne grecque devait effectuer des manœuvres dans le cadre d'un exercice international organisé par l'OTAN, le Tactical leadership Programme (TLP), et s'est écrasé au décollage, selon un communiqué diffusé plus tôt par le ministère de la Défense. L'exercice TLP, auquel participait l'avion de combat grec qui s'est écrasé lundi en Espagne, vise à former des pilotes "chef de mission" et constitue "l'une des formations les plus réputées et les plus exigeantes du monde", selon le ministère français de la Défense. "TLP, c'est un peu le Saint Graal" pour les pilotes, résume une source militaire.

Cette formation permet d'obtenir la qualification de "chef de mission" pour des pilotes qui participent à des opérations dans le cadre de coalitions internationales, comme en Libye en 2011 ou aujourd'hui en Irak. L'exercice en cours à Albacete impliquait plus d'une trentaine d'avions de six ou sept pays, selon une source militaire française. Des avions-ravitailleurs, des appareils de surveillance aérienne Awacs et des hélicoptères peuvent participer à cet exercice qui vise à "mettre en action des appareils très différents pour des missions de natures très différentes", selon cette source.

Un centre de formation

La base de Los Llanos accueille depuis 2010 un centre de formation de pilotes d'élite de l'OTAN. "C'est une école de pilotes, qui accueille dix nationalités", a précisé un porte-parole du ministère de la Défense espagnol. Le centre y forme des pilotes à diverses spécialités y compris la guerre électronique, la reconnaissance ou le combat aérien. Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a fait part dans un communiqué de sa "profonde tristesse". "C'est une tragédie qui touche toute la famille de l'OTAN", a-t-il souligné.