A400M : Airbus a fait un "bide" auprès des pays clients

Par latribune.fr  |   |  458  mots
Avec les dernières provisions annoncées en février par Airbus, le montant total du programme dépasse 30 milliards d'euros, contre un peu plus de 20 prévus a l'origine.
Les sept pays européens clients de l'A400M ont décidé de maintenir les pénalités infligées à Airbus pour ses retards de production. Airbus demandait pourtant de l'aide auprès de ses clients.

C'est "nein" pour Airbus. Pas question pour les pays européens clients de l'A400M, l'avion de transport militaire d'Airbus, d'aider le constructeur européen. Ils ont décidé de maintenir les pénalités infligées à Airbus pour ses retards de production, a déclaré jeudi une source au fait du dossier à Reuters. Les ministères de la Défense pourraient toutefois accorder à Airbus de la souplesse sur les sanctions les plus urgentes, a-t-elle précisé. Airbus s'est refusé à tout commentaire. La prochaine réunion entre les pays clients et Airbus est prévue en juin à la base britannique de Brize Norton.

Les pays concernés "sont près de signer un accord intérimaire faisant preuve de compréhension pour les problèmes que traverse Airbus", a-t-on expliqué à Reuters. "Cela pourrait conduire à une petite dose de souplesse dans les sanctions, sans toutefois les remettre en cause".

Airbus a donc fait un joli "bide". La rencontre s'est tenue au niveau des secrétaires d'Etat, la France étant représentée par le délégué général pour l'armement Laurent Collet-Billon. Le PDG de la branche militaire de l'industriel, Airbus Defence and Space, Dirk Hoke, défendait l'avionneur. Son président Tom Enders avait demandé en février la tenue de discussions avec les gouvernements européens pour limiter les "lourdes pénalités" qu'il encourt en raison des déboires de l'A400M. Airbus a dû provisionner en 2016 une nouvelle charge de 1,2 milliard d'euros dans ses comptes du quatrième trimestre. Les coûts du programme n'ont cessé de grimper en raison de problèmes de moteur, obligeant Airbus à avertir sur de nouveaux risques.

Un programme dont le coût s'élève à 30 milliards

Dans un communiqué commun publié par le ministère espagnol de la Défense, les sept gouvernements disent avoir eu des "discussions constructives" avec l'avionneur. "Chacun a exprimé sa totale confiance dans l'avion A400M (...). Nous nous sommes accordés sur une ligne d'action commune afin d'avancer d'une manière qui respecte les intérêts du programme, des forces armées et des contribuables", déclarent-ils.

L'A400M, le plus important programme en cours dans le domaine de la défense en Europe, a été commandé en 2003 par sept Etats membres de l'Otan - l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Turquie - afin de doter le continent d'une capacité indépendante de transport militaire. Le premier A400M a été livré en 2013, quatre ans après la date prévue. Et avec les dernières provisions annoncées en février par le groupe aéronautique, le montant total du programme dépasse 30 milliards d'euros, contre un peu plus de 20 prévus a l'origine.