Bientôt une usine de chars allemands en Ukraine  ?

Par latribune.fr  |   |  541  mots
Armin Papperger, président de Rheinmetall, se voit bien ouvrir rapidement une usine de chars en Ukraine. (Crédits : JANA RODENBUSCH)
Le groupe d'armement allemand Rheinmetall discute actuellement avec Kiev pour établir une usine de fabrication de chars lourds Panther sur le sol ukrainien. Au vu des importants et urgents besoins en matériel pour combattre l'invasion russe, le projet pourrait être rapidement lancé afin de produire plusieurs centaines de blindés par an.

Le soutien occidental pour la fourniture d'armes à l'Ukraine pourrait bientôt prendre une nouvelle dimension. Plutôt que d'envoyer du matériel sur place, le grand industriel de défense allemand Rheinmetall envisage d'y implanter une usine de fabrication de chars. Dans un entretien au journal Rheinische Post, son président Armin Papperger a annoncé ce samedi qu'il menait des discussions « prometteuses » avec Kiev.

Habitué des déclarations dans la presse allemande, Armin Papperger a estimé qu'une « usine de Rheinmetall peut être construite en Ukraine pour environ 200 millions d'euros » avec l'objectif de produire jusqu'à 400 chars de combat de type Panther par an. A le croire, une décision pourrait être prise « dans les deux prochains mois ». Présenté l'an dernier, le Panther KF51 est un char de combat principal plus moderne que l'actuel Leopard 2, que le groupe produit conjointement avec Krauss-Maffei Wegman (KMW, qui fait partie de KNDS avec l'industriel français Nexter). Au contraire de son aîné, qui équipe l'armée allemande et de nombreuses autres forces militaires mondiales, le Panther n'est pas encore opérationnel.

Dmitri Medvedev n'a pas tardé à réagir, comme l'indique l'AFP. L'ex-président et numéro deux du Conseil de sécurité russe a d'ores et déjà menacé de célébrer l'ouverture éventuelle de l'usine « comme il se doit avec une salve de (missiles russes) Kalibr et d'autres dispositifs pyrotechniques », dans un message sur son compte Telegram. Une menace qui ne semble pas inquiéter Armin Papperger, qui a déclaré dans son entretien que l'unité de production pourrait « sans difficulté » être protégée des attaques russes via des systèmes de défense anti-aériens.

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Changement d'échelle

Si ce projet venait à se concrétiser, cela constituerait un saut capacitaire pour l'Ukraine qui réclame des chars à tous les pays occidentaux afin de pouvoir repousser l'invasion russe. Selon le patron de Rheinmetall, l'Ukraine a besoin de 600 à 800 chars pour l'emporter contre les forces russes, d'où la nécessité de produire rapidement de nouveaux blindés. « Même si l'Allemagne mettait à disposition (de l'Ukraine) les 300 chars Leopard 2 de la Bundeswehr, cela serait nettement insuffisant », a-t-il jugé.

Après avoir longtemps tergiversé, le chancelier allemand Olaf Scholz avait donné fin janvier son feu vert à l'envoi en Ukraine de 18 chars Leopard 2A6 issus des stocks de la Bundeswehr, comme le rappelle l'AFP. Cet apport se fait en coordination avec une coalition de pays dont la Suède, la Finlande, le Portugal ou encore la Pologne pour fournir deux bataillons de 31 Leopard à Kiev.

En parallèle, Rheinmetall devrait pouvoir rassembler près de 250 chars dans le cadre de l'aide militaire à l'Ukraine, dont de nombreux iront à la République tchèque et à la Slovaquie en remplacement de leur envoi antérieur à Kiev de blindés de fabrication russe. D'autres iront à la Bundeswehr, d'autres à l'Ukraine, a précisé Armin Papperger.

Citant Deutsche Boerse, Reuters indique que Rheinmetall rejoindra l'indice DAX, l'indice des valeurs sûres allemandes, ce mois-ci. Le groupe profite de l'augmentation des dépenses de défense due à la guerre en Ukraine. Ses actions ont atteint un niveau record en janvier après la décision de l'Allemagne d'envoyer des Leopard en Ukraine.