Boeing : il manquait les boulons censés bloquer la porte du 737 MAX qui s’est détachée en plein vol

Par latribune.fr  |   |  737  mots
« Ce qui m'importe, c'est que Boeing fabrique des avions sûrs », a renchéri le patron de la FAA, Mike Whitaker. (Crédits : PETER CZIBORRA)
Selon le rapport d'enquête préliminaire de l'Agence de sécurité des transports (NTSB), publié mardi, plusieurs boulons censés bloquer la porte d'un Boeing 737 MAX 9 qui s'est détachée en plein vol début janvier lors d'un trajet de la compagnie américaine Alaska Airlines étaient manquants. Le nouveau patron de l'Agence américaine de régulation de l'aviation civile (FAA), Mike Whitaker, a déclaré que la FAA comptait poster de manière permanente des inspecteurs sur les sites de production de Boeing, estimant que le « système actuel ne fonctionne pas ».

Le Boeing 737 MAX-9 d'Alaska Airlines qui a perdu une porte peu après son décollage de Portland (Oregon) le 6 janvier livre ses premiers secrets. Ils sont à peine croyables. Selon le rapport d'enquête préliminaire de l'Agence de sécurité des transports (NTSB), publié mardi, quatre boulons censés bloquer la porte de l'avion étaient manquants. Pour rappel, cette porte servait à boucher une issue et n'avait pas vocation à être ouverte, ce modèle possédant déjà suffisamment de sorties de secours dans cette configuration.

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Des employés de Boeing ont retiré les boulons

L'absence d'usure ou de déformation autour de certains trous « indique que quatre boulons prévus pour empêcher que la porte-bouchon ne se déplace vers le haut étaient manquants avant qu'elle ne bouge », fait valoir la NTSB, qui a recueilli des documents écrits et des photos montrant que des employés de Boeing ont retiré quatre boulons situés à ces emplacements lors d'une inspection à l'usine de Renton, près de Seattle (Etat du Washington) avant la livraison de l'avion, en octobre dernier. L'opération avait été réalisée pour remplacer cinq rivets endommagés dans l'habitacle de l'appareil. D'autres clichés pris après le changement des rivets montrent qu'en trois points au moins, les boulons n'avaient pas été réinstallés.

Avant la publication de ce rapport, Alaska Airlines avait déjà fait état d'« équipements mal fixés » après des inspections préliminaires. De son côté, sa rivale United Airlines avait découvert, lors de vérifications, des « boulons qui nécessitaient d'être resserrés ».

La FAA très critique à l'encontre de Boeing

Face à la multiplication des déboires de cet appareil ces derniers mois, le nouveau patron de l'Agence américaine de régulation de l'aviation civile (FAA), Mike Whitaker, a estimé, lors de son audition ce mardi devant la sous-commission de la Chambre des représentants sur l'Aviation, qu'il était nécessaire de renforcer la supervision de Boeing, mais aussi de l'équipementier Spirit Aerosystems, le fabricant du fuselage du 737 MAX.

Mike Whitaker a déclaré que la FAA comptait poster de manière permanente des inspecteurs sur les sites de production de Boeing, estimant que le « système actuel ne fonctionne pas ».

« Je conviens certainement que le système actuel ne fonctionne pas, parce qu'il ne fournit pas d'appareils sûrs. Nous devons donc changer cela », a-t-il dit.

« Ce qui m'importe, c'est que Boeing fabrique des avions sûrs », a renchéri le patron de la FAA. « Si vous n'avez pas cette culture de la sécurité, je pense qu'il est difficile de faire des avions sûrs. »

Depuis l'incident d'Alaska Airlines, qui n'a pas fait de victimes, la FAA a dépêché une vingtaine d'inspecteurs sur le site de Renton pour vérifier les conditions d'assemblage du 737 MAX et six autres dans une usine de Spirit à Wichita, dans le Kansas, pour un audit de six semaines. Cette approche, a précisé Mike Whitaker, rompt avec les méthodes traditionnellement employées par l'agence, qui s'appuyaient essentiellement sur l'étude de documents transmis par Boeing. L'enquête n'a révélé pour l'heure aucune défaillance requérant une action immédiate.

Supervision renforcée

Mike Whitaker a déclaré que des inspecteurs se chargeraient de surveiller régulièrement les activités de Boeing une fois l'audit terminé. Selon lui, l'incident du 6 janvier soulève deux questions : ce qui n'allait pas avec l'appareil concerné mais aussi « ce qui ne va pas avec la production chez Boeing ». « Il y a eu des problèmes par le passé. Ils ne semblent pas en passe d'être résolus, nous jugeons donc nécessaire d'avoir un niveau accru de supervision », a-t-il dit. Pour rappel, Boeing a déjà cloué au sol pendant des mois, en 2019 et 2020, le 737 MAX après deux accidents meurtriers qui ont fait au total 346 morts.

Dimanche dernier, Boeing a indiqué avoir été informé par un fournisseur (Spirit également) d'un problème de non-conformité de certains fuselages de 737, qui, sans représenter de danger immédiat pour les avions en vol, devrait nécessiter une intervention sur une cinquantaine d'exemplaires non encore livrés.

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