Spirit AeroSystems inquiet des répercussions de la crise du Boeing 737 MAX

Le fabricant de fuselages et d'ailes d'avion, qui a comme principal client Boeing, est sous la surveillance de l'Administration fédérale de l'aviation américaine (FAA). Cette dernière enquête sur la responsabilité du décrochage d'une porte de 737 MAX-9, lors d'un vol d'Alaska Airlines le 5 janvier. Des investigations qui plongent Spirit dans l'inconnu, l'industriel ayant décidé de ne pas publier de prévisions pour 2024 lors de la présentation de ses résultats annuels, tout comme Boeing l'a fait avant lui.
Spirit AeroSystems, qui fabrique notamment des fuselages ou des ailes pour des avions militaires ou commerciaux comme des Boeing, a indiqué qu'il ne donnerait pas encore de prévisions de résultats financiers pour 2024.
Spirit AeroSystems, qui fabrique notamment des fuselages ou des ailes pour des avions militaires ou commerciaux comme des Boeing, a indiqué qu'il ne donnerait pas encore de prévisions de résultats financiers pour 2024. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Le scandale qui touche Boeing et ses 737 MAX-9 éclabousse aussi ses partenaires. Spirit AeroSystems, qui fabrique des fuselages et des ailes pour des avions militaires ou commerciaux principalement pour Boeing, a indiqué qu'il ne donnerait pas pour le moment ses prévisions sur les résultats financiers de 2024. Il attend pour cela des précisions sur le calendrier de production des appareils 737 MAX par Boeing, qui vient de geler sa montée en cadences.

L'activité 2024 de Spirit est ainsi d'ores et déjà perturbée par l'incident qui a touché la compagnie Alaska Airlines le mois dernier. Pour rappel, après le décrochage d'une porte-bouchon de la carlingue d'un 737 MAX 9, lors d'un vol reliant Portland (Oregon) à Ontario (Californie), le 5 janvier dernier, l'Administration fédérale de l'aviation américaine (FAA) a suspendu de vol les appareils ainsi configurés, le temps de vérifier tous les avions soupçonnés d'avoir un défaut de fixation et lancer une enquête approfondie sur la gestion de la qualité chez Boeing.

Lire aussi737 MAX : empêtré dans ses problèmes de qualité, Boeing renonce à monter les cadences de production

Spirit AeroSystems sous surveillance

Boeing est de loin le client le plus important de Spirit. Rien qu'en 2022, ses revenus provenaient à 60% de l'avionneur américain. La remise en question des pratiques industrielles de Boeing a dès lors conduit la FAA à lancer une enquête sur les contrôles de qualité de Spirit.

« Nous réglementons Boeing, Boeing a une relation contractuelle avec Spirit. Ils doivent imposer des normes sur Spirit pour s'assurer qu'ils produisent des composants sûrs », a commenté Mike Whitaker, responsable de la FAA, sur la chaîne américaine CNBC, ce mardi.

Spirit est d'ailleurs d'autant plus surveillé qu'il avait déjà été à l'origine de pièces défectueuses sur certains 737 MAX, découvertes cet été.

En réponse aux regards incriminateurs, l'équipementier s'est néanmoins défendu :

« La qualité et la sécurité des produits que nous fabriquons sont primordiales », a affirmé Pat Shanahan, le PDG de Spirit AeroSystems, cité dans le communiqué. « Au cours du mois dernier, nous avons travaillé main dans la main avec notre client (Boeing, NDLR) pour prendre une série de mesures visant à renforcer nos systèmes et processus pour accélérer l'amélioration de nos opérations », a-t-il aussi fait valoir.

Boeing au cœur du cyclone

De son côté, Boeing n'a pas annoncé d'objectif de livraisons pour l'année qui débute lors de ses résultats de 2023, publiés fin janvier. Et pour cause, l'avionneur doit composer avec cette situation inédite qui rend cette nouvelle année très incertaine.

En pleine tourmente, l'avionneur est lui aussi surveillé de près par la FAA qui lui a demandé de ralentir la cadence. « Aujourd'hui, nous produisons des 737 à un rythme de 38 par mois, et nous resterons à ce rythme jusqu'à ce que la FAA et Boeing soient satisfaits de la qualité de notre processus de fabrication », a déclaré Dave Calhoun, PDG de Boeing, fin janvier.

Le patron de l'avionneur américain n'a pas annoncé d'abandon de l'objectif de montée en cadence pour le 737 à moyen-terme, qui était jusqu'ici d'atteindre la cadence 50 à l'horizon 2025-2026, mais semble l'avoir mis en suspens pour le moment. Le directeur financier, Brian West, a néanmoins confirmé que le 787 - l'autre fer de lance de Boeing - était bien revenu à un rythme de production de 5 appareils par mois courant 2023. Et que le programme poursuivait sa remontée en cadence vers les 10 avions mensuels, toujours à l'horizon 2025-2026. Cette décision de geler la montée en cadence du 737 MAX devrait également influer sur l'objectif de dix milliards de dollars par an de flux de trésorerie disponible à partir de 2025-2026, comme le rappelle l'AFP. En attendant, Brian West se montre confiant sur la capacité de Boeing à maintenir cet indicateur dans le vert, y compris en cette nouvelle année.

Une année 2023 porteuse pour Spirit

De son côté, si Spirit n'a pas le sourire pour ces perspectives 2024, il peut se targuer d'une bonne année 2023. Rien que pour le quatrième trimestre, il a engrangé 1,8 milliard de recettes, soit une hausse de 37% sur un an et 59 millions de dollars de bénéfices, contre une perte de 243 millions un an auparavant.

Sur l'ensemble de l'année 2023, le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de 6,05 milliards de dollars (+20% sur un an). Il reste toutefois dans le rouge avec une perte de 633 millions de dollars, qui se creuse par rapport à 2022.

(Avec AFP)

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