L’aéroport de Bruxelles veut devenir une alternative à Roissy et Orly

Par Gaëtane Deljurie  |   |  590  mots
L'aéroport de Bruxelles entends grappiller des passagers à ses homologues situés en région parisienne. (Crédits : Reuters)
Bruxelles Zaventhem est-il en passe de devenir le premier aéroport français de Belgique ? La question peut se poser : non seulement Brussels Airport a séduit 750.000 Français en 2017 mais sa direction lance une campagne de publicité d’envergure pour séduire toujours plus de Nordistes.

60% des voyageurs habitant la région Nord envisagent à un moment de partir de Bruxelles... mais seulement 15% passent à l'action, d'après des études menées par Brussels Airport en interne. Une manne potentielle qui est à l'origine d'une large campagne de communication pour attirer les Français vers Brussels Airport (et son record de 24,8 millions de passagers en 2017) afin de les détourner des Aéroports de Paris (regroupant Charles-de-Gaulle et Orly avec 101,5 millions de passagers en 2017).
Le pot de terre contre le pot de fer ?

« Comme les aéroports de Paris, l'offre de nos compagnies est largement positionnée vers l'Europe du Sud, destinations plébiscitées par beaucoup de Nordistes », avance Piet Demunter, directeur du développement stratégique de Brussels Airport. Les vacances sont en effet la principale raison du voyage pour 50% des passagers de Bruxelles, le trio de tête des opérateurs étant Brussels Airlines, TUI fly et Ryanair.

15% des Français à BXL

Un tiers des Français habitant le Nord ou le Pas-de-Calais choisissent déjà aujourd'hui un aéroport belge, 15% d'entre eux optent pour Bruxelles quand 7% décollent d'Orly, 14% de Charleroi (7,6 millions de passagers en 2017 avec une offre généralement low cost), 24% de Lille (2 millions de passagers prévus en 2018 avec de nombreuses lignes saisonnières en France et Outre-Mer) et 27% de Charles de Gaulle.

L'étude ne mentionne même pas Beauvais-Tillé, dont la fréquentation, très dépendante de Ryanair, est en chute libre, selon la cour des comptes. « Pour les vols moyens et longs courriers, nous souhaitons convaincre que les passagers du Nord que l'offre de Bruxelles est compétitive, tout en mettant en avant un aéroport plus petit où il est plus facile de trouver son chemin et où l'on retrouve les mêmes opportunités de shopping qu'à Paris », justifie Piet Demunter.

Communication tous azimuts

Pour inciter les prospects à se rendre à Zaventem, Brussels Airport a lancé en avril dernier une large campagne d'affichage ponctuelle à Lille, Douai, Valenciennes et Dunkerque. Il a aussi créé un site internet dédié au marché français, afin de présenter le panel des 217 destinations dans 85 pays. Des rencontres avec les agences de voyages sont régulièrement organisées, avec la possibilité de visiter l'aéroport, entièrement refait, repensé et sécurisé depuis les attentats terroristes du 22 mars 2016.

« C'est une campagne que nous allons renouveler au cours des prochaines années : l'important est que les personnes soient bien au courant de l'offre de notre aéroport, situé à 1h30 de Lille en voiture (NDLR : sans les embouteillages du ring) avec de larges possibilités de parking ; à 35 minutes en Thalys ou Eurostar, avec changement assez simple à faire en gare du Midi, le train s'arrêtant directement à l'aéroport », poursuit le directeur du développement. Le bus permet de relier la capitale en 2h10.

Si la moitié des voyageurs passant par Zaventhem ont la nationalité belge, 110.000 Français ont déjà choisi l'aéroport de Bruxelles au cours des six premiers mois de l'année 2018. Effet ou non de la campagne de communication ? En tout cas, le directeur du développement stratégique de Brussels Airport veut aller encore plus loin : « Notre ambition est d'atteindre 40 millions de passagers au total à l'horizon 2040 (contre 24,8 millions aujourd'hui) », comptant également sur les habitants de la Belgique, du sud des Pays-Bas ou de la frontière allemande. Là où Zaventem est et restera imbattable, c'est sur la tonne et demie de chocolats vendue chaque jour : dans cette catégorie, l'aéroport est définitivement le premier au monde.