Les compagnies aériennes en croisade contre la privatisation des aéroports (IATA)

Pour l'association internationale du transport aérien (IATA), les aéroports privés sont, d'une manière générale, plus coûteux pour les compagnies aériennes alors que l'efficacité opérationnelle n'est pas meilleure.
Fabrice Gliszczynski
L'aéroport de Roissy.

L'association internationale du transport aérien (IATA) continue sa croisade contre le mouvement de privatisation des aéroports qui, selon elle, va à l'encontre des intérêts des compagnies aériennes. Ces dernières dénoncent en effet l'attitude des différents gouvernements de chercher à faire une belle opération financière à court terme en privatisant leurs aéroports, plutôt que d'investir dans de nouvelles capacités aéroportuaires pour répondre à une demande qui va doubler d'ici à 20 ans.

« Si les États recherchent uniquement à lever de l'argent, c'est l'échec assuré », explique Alexandre de Juniac, le directeur général de l'IATA, en aparté de l'assemblée générale de l'association qui se tient jusqu'à mardi à Sydney.

Un conseil qui pourrait très bien s'adresser au gouvernement français qui étudie la privatisation d'ADP. Brian Pearce, chef économiste de l'IATA, abonde dans le même sens. Ce dernier recommande aux États d'avoir une vision plus large que le gain à court terme.

« Les gouvernements doivent faire en sorte que les aéroports permettent de développer le tourisme et le commerce », a indiqué Brian Pearce.

Les redevances des aéroports privés sont plus élevées

Or, pour l'IATA, la privatisation des aéroports peut justement entraver ces objectifs.

« Les aéroports privatisés sont plus coûteux pour les compagnies aériennes que les aéroports publics ou semi-privés. Le coût médian d'un demi-tour pour un A320 est 12% plus élevé sur un aéroport privé que sur un aéroport 100% public », a expliqué Brian Pearce, se basant sur une étude interne couvrant 90 aéroports.

À en croire l'IATA, les aéroports privés n'apportent rien de bon aux compagnies aériennes. Outre "des coûts plus élevés, les aéroports privés se distinguent des aéroports publics par des profits également supérieurs, mais aussi par une efficacité opérationnelle qui n'est pas meilleure, en raison de l'absence de concurrence des aéroports et d'une régulation inefficace", fait valoir IATA.

« Dans le top 6 des meilleurs aéroports selon Skytrax (Singapour, Séoul, Tokyo-Narita, Hongkong, Doha et Munich), on trouve 5 aéroports publics (seul Tokyo est privé, ndlr) », a expliqué Brian Pearce.

14% des aéroports ont des capitaux privés

Pour IATA, la menace est d'autant plus forte que le mouvement de privatisation ne cesse de se développer depuis quelques années, puisqu'à l'échelle mondiale, les aéroports comptant des acteurs privés ayant tout ou partie de leur capital représentent 14% des aéroports, et accueillent 40% du trafic mondial. L'Europe est en pointe sur le sujet. Les aéroports comptant des acteurs privés ayant tout ou partie de leur capital représentent 31%.

Pour autant, explique Alexandre de Juniac, si des gouvernements s'obstinent à vouloir privatiser leur aéroport, ils seraient bien inspirés de suivre les recommandations de l'IATA en matière de régulation qui préconisent de ne pas avoir comme seul critère de choisir le candidat aux poches les plus profondes ou des garde-fous réglementaires.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 9
à écrit le 10/06/2018 à 15:37
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Vu que le capitalisme actuel focalise sur le très-très-très court terme, il est particulièrement dangereux de confier des infrastructures aussi importantes au privé

à écrit le 05/06/2018 à 18:52
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Il n'y aurait pas une association internationale du transport ferroviaire par hasard.

à écrit le 05/06/2018 à 16:48
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les chinois sont entrain de siphonner les bénéfices de l aéroport de Toulouse......

à écrit le 04/06/2018 à 19:03
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Vinci flambera les redevances déjà excessives de son ADP, répercutées sur le billet, comme avec leurs fructueuses autoroutes, " offertes " par Chirac 2005

à écrit le 04/06/2018 à 18:57
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SCANDALEUSE, la Double Caisse d'A.D.P, les sous équipés et inconfortables pauvres aéroports, et !!!! Séparément les toujours plus juteux loyers de boutiques : unique priorité d'A.D.P. Les clients de l'aéroport SONT MEPRISES.

à écrit le 04/06/2018 à 15:14
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Voilà une bonne vision de l’affaire, vision réaliste en provenance des compagnies utilisatrices qui ont bien flairé le coté trop mercantile des privatisations. Les aérodromes internationaux, comme les grands ports, sont les clés de notre souveraineté...

le 05/06/2018 à 13:32
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Souveraineté ? Ach , populisme traduiront certains . Le courtermisme du gvt vise ce qui rapporte tout de suite, avec les félicitations de Bruxelles .

à écrit le 04/06/2018 à 13:21
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Hé oui il serait temps de comprendre que certains secteurs d'activité, nombreux, ne sont pas privatisables. Alors au nom de la compromission entre hommes d'affaires et politiciens ces derniers vendent les entreprises publiques à ces premiers mais ça ...

à écrit le 04/06/2018 à 12:27
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C'est la même chose pour l'eau, pour les hôpitaux, pour les écoles, pour les prisons, pour la restauration collective... A cela on peut aussi ajouter qu'externaliser le ménage, l'informatique, la sécurité, et un grand nombre de tâches remplace des...

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